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Summer in the golden Valley (c) D.R.

Commençons justement par les films des Balkans et tout d’abord au gagnant du prix Fipresci, Summer in the golden Valley du bosniaque Srdban Vuletic. Ce sombre polar social urbain, situé en plein cœur de Sarajevo, séduit par la nervosité quasi américaine de sa mise en scène, l’efficacité du récit, sa violence désespérée, et le tempérament excessif, très balkanique, des personnages. On est aussi frappé par le climat très sombre, pessimiste, voire nihiliste du film. La Bosnie d’après guère que nous dépeint Vultic apparaît comme un monde en proie au chaos, à la confusion généralisée des valeurs, où des flics simulent des enlèvements, où priment les rapports de force et où seule compte la loi du fric. Le film raconte l’histoire, assez dérangeante, d’un jeune garçon qui perd son innocence en se confrontant à la cruelle réalité du monde. Mais le film échappe au nihilisme absolu en ce sens que le jeune héros garde en lui un espoir et découvre une valeur plus important que l’argent.

A en juger par les trois films de la sélection bulgare, on ne peut pas dire que ce cinéma, encore très fragile, ait encore atteint un niveau très satisfaisant. Il y a un manque évident de moyens, mais on sent aussi que certains films sont prisonniers de vieilles méthodes de conception et réalisation datant de l’ancien système. C’est par exemple le cas de Journey to Jerusalem du vétéran Ivan Nichev : cette chronique historique, entre drame et comédie, d’une famille juive qui fuit le nazisme pour rejoindre la Palestine et atterrit en Bulgarie, souffrait d’une mise en scène poussive, figée et vieillotte. Crazy Day, d’une jeune réalisatrice de 28ans, réunissait tous les défauts du film d’étudiant : sage et appliqué à l’extrême. Cette chronique de la relation entre une jeune femme artiste et son grand père pittoresque se voulait tendre et douce amère mais se révélait d’une grande platitude et mièvrerie. Le seul film intéressant était Mila From Mars, réalisé également par une jeune femme. Malgré un côté maladroit et bancal, parfois amateur, ce film, à l’opposé du précédent, témoignait d’une réelle invention et audace dans sa mise en scène : montage heurté et nerveux, cadrages de travers etc. ; la réalisatrice, peu soucieuse des règles, privilégie une certaine déconstruction au bénéfice de l’énergie et du rythme.

  Maria (c) D.R.

Maria du roumain Peter Calin Netzer, est un mélo social comme on n’ose plus en faire et est représentatif d’une certaine production roumaine qui apparemment ne parvient pas à se sortir d’une inspiration et de schémas datés. C’est l’histoire d’une mère de huit enfants, marié à un chômeur alcoolique qui la bat et l’abandonne, obligée de se prostituer pour survivre. Bref, le film convoque tous les poncifs du genre et au lieu d’émouvoir agace par sa tendance à accumuler les malheurs, qui s’avère lourde et démonstrative, comme au bon vieux temps du réalisme socialiste.