LE CINEMA AUTRICHIEN AUJOURD'HUI
Pour le public français,
le cinéma autrichien d'aujourd'hui est représenté
principalement par Michael Haneke. Il est la figure de proue
de ce cinéma depuis une quinzaine d'années.
En 1989, il réal ise son premier film, Le Septième
Continent (Der siebte Kontinent), très remarqué
sur la scène internationale pour sa radicalité.
Son parcours est récompensé en 2001 avec La
Pianiste (Die Klavierspielerin), grand prix du jury
au festival de Cannes. Depuis quelques années, d'autres
cinéastes prennent la relève d'un cinéma
à la recherche de son identité. Historiquement,
le cinéma autrichien aurait pu avoir un rayonnement
plus imposant. De grands noms autrichiens (Fritz Lang, Erich
von Stroheim, Georg Wilhelm Pabst) ont compté dans
l'histoire du cinéma, mais ils se sont exilés
en masse vers l'Allemagne puis les Etats-Unis où
une industrie cinématographique était déjà
bien en place. De plus, la langue et la culture commune
à l'Allemagne et l'Autriche favorisent aussi les
échanges tout en brouillant les identités.
Jusqu'au début des années 1950, le cinéma
autrichien est surtout connu pour ses opérettes viennoises,
en particulier avec l'acteur-réalisateur Willi Forst
dont chaque film est un succès (Bel Ami 1939,
Wiener Mädeln 1949). Les Heimatfilm, nostalgiques
du mythe monarchique et aux accents mélodramatiques,
trouvent aussi un large public, comme le montre le succès
de la série des Sissi de Ernst Marischka (1955-57).
Après la guerre, les cinéastes et acteurs
autrichiens prennent part de plus en plus à des productions
européennes, comme par exemple Helmut Berger, Maria
Schell, Romy Schneider.
A partir des années 1960, plusieurs réalisateurs
s'essaient au cinéma expérimental. Peter Kubelka,
Valie Export, Peter Patzak, Peter Tscherkassky réalisent
des films contestataires qui trouvent leur place sur la
scène internationale du film d'avant-garde.
Au début des années 1980, Franz Novotny (Die
Ausgesperrten, 1982) et Wolfram Paulus (Wochenend,
1981) s'inscrivent dans une volonté de renouvellement
du cinéma autrichien. Le film d'avant-garde est encore
aujourd'hui très novateur, en particulier avec le
travail de Martin Arnold, Virgil Widrich et qui 'intéresse
à la puissance formelle des images, dans la lignée
de Peter Kubelka. Ces travaux trouvent un relais auprès
de sixpackfilm, structure de promotion du film d'avant-garde
autrichien en Autriche et à l'étranger.
Michael Haneke confirme son talent et sa radicalité
dans le traitement de sujets difficiles avec Benny's
Video (1992) et Funny Games (1997). Il se pose
en observateur cynique et critique de la société
contemporaine. Son dernier film Le Temps du Loup,
présenté au festival de Cannes 2003, parle
de la recherche d'identité par des individus plongés
dans un cauchemar collectif.