Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     



 

 

 

 

 

DEAUVILLE AUDACIEUX

Steven Spielberg et Tom Hanks (c) Guy Isaac
La sélection de la compétition 2004 a été de prime abord assez surprenante dans le sens où la plupart des films ont été souvent jugés proche du déprimant. En effet, plus de la moitié d’entre eux aboutissent à une conclusion ouverte ne permettant pas d’envisager une possibilité réelle de bonheur pour les personnages. Down to the bone de Debra Granik en est l’exemple parfait : la protagoniste est dépendante à la cocaïne, mère de deux enfants, et vit avec son ami, lui-même drogué. Son seul espoir de s’en sortir est incarné par son amant médecin qui se pique en cachette et lui retire du coup toute possibilité d’échapper à sa torture. Ce côté noir de la sélection a été contrebalancé par deux comédies, Duane Incarnate de Hal Salwen et Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry. La première, relativement insipide, traitant, à travers un regard exclusivement féminin, de l’image dégradée que l’on peut avoir de l’autre au quotidien, a été rapidement effacée par les mimiques éternellement exagérées de Jim Carrey dans le second Gondry. Le Français tente de déposer définitivement ses valises au pays de Woody Allen grâce à un film à la fois drôle et émouvant, dans le sillage du très réussi The Truman show. On peut effectivement comparer Eternal Sunshine of the Spotless Mind à ce dernier pour deux raisons. La première est évidente : on retrouve un Jim Carrey en garçon simplet. La seconde, c’est qu’il se bat pour quelque chose de beau stimulant notre pathos (sa liberté dans The Truman Show, l’amour dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind), et contre quelque chose qui le dépasse (la télé réalité dont il est le héros sans le vouloir dans The Truman Show, et l’effacement de sa mémoire dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind). Dotée notamment d’une réalisation rappelant sans cesse les clips de Gondry, cette histoire perdue entre fantaisie et réalité a obtenu logiquement le prix Première du film le plus innovant.

Autre film retenant l’attention du jury (Prix du Jury) : The Woodsman de Nicole Kassell, qui exploite brillamment le sujet difficile de la pédophilie à travers le portrait d’un quasi-repenti, interprété par Kevin Bacon, qui ne cesse de se chercher et de combattre son vice. Jamais dans l’excès, ce film nous rapproche constamment du personnage central pour mieux nous bousculer lorsque la maladie, obsessionnelle, devient un danger pour son entourage. On retrouve ce dénouement ouvert sur un avenir incertain mêlant l’espoir de guérison du malade à l’irréparable blessure des victimes. Notez que lors de la projection, Kevin Bacon a remercié les organisateurs du festival pour avoir choisi de mettre en compétition une œuvre aussi peu facile d’accès.

  Maria Full of Grace (c) D.R.
Mais un film a fait l’unanimité à Deauville cette année : Maria Full of Grace de Joshua Marston a obtenu le Grand Prix du Jury, le Prix du public et le Prix de la critique. Ce premier long-métrage, inspiré d’une histoire vraie, retrace le parcours d’une jeune colombienne prête à tout pour sortir de la pauvreté et qui se retrouve à faire la « mule » pour le compte de trafiquants de cocaïne. Le film débute sur une peinture sociale d’une petite ville pauvre de Colombie où (sur)vit la protagoniste (jouée par la prometteuse Catalina Sandino), et s’enfonce peu à peu dans un cauchemar irréversible qui atteint son apogée à New York, capitale économique des États-Unis, tout un symbole !

Deauville audacieux cette année 2004 a donc fait le choix de récompenser avant tout deux films difficiles (Maria Full of Grace et The Woodsman) se démarquant du reste de la sélection par l’addition de la force de leur sujet et d’une réalisation juste et sans excès.





Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir




Palmarès du Festival du film américain de Deauville 2004
Prix Première : Eternal sunshine of the spotless mind de Michel Gondry
Prix Journal du Dimanche du Public : Maria full of grace de Joshua Marston
Prix Positif de La Critique : Maria full of grace de Joshua Marston
Grand Prix du Court Métrage : Happy now de Frederikke Aspöck
Prix du Scénario : The Final Cut de Omar Naïm
Prix du Jury : The Woodsman de Nicole Kassell
Grand Prix du Jury : Maria full of grace de Joshua Marston