Sur
la Croisette, on a parfois l'impression que les films
sont des paquets de lessive. Ils sont en tout cas vendus
selon une stratégie marketing semblable. D'ailleurs, la
proximité entre affiches de cinéma et panneaux publicitaires
renforce cette sensation de similitude. Le cinéma devient
une marchandise comme les autres où Sean Penn est placé
sur le même plan qu'un bâton de rouge à lèvres. Et après
on s'étonne que les films proposés en salles sont de qualité
globalement médiocre.
Tapis rouge
À Cannes,
c'est la panacée, le must, le moment à vivre à tout prix.
Il faut voir les dizaines de courageux attendre des heures
durant à l'entrée du Palais des Festivals dans l'espoir
d'obtenir une invitation pour les séances du soir. Gravir
les marches tient du prestige et tous les festivaliers
se battent pour obtenir le précieux sésame. Pourtant,
à observer quelques montées, l'événement n'a pas le faste
qu'on pourrait attendre. Voir Nalle de Nice People
gravir le célèbre escalier a quelque chose d'indécent.
La notion de célébrité perd toute signification. Il ne
reste qu'une sorte de pudding mélangeant vrais stars et
fausses renommées sans que les organisateurs essaient
de mettre un peu de hiérarchie dans tout cela. Gilles
Jacob exige une tenue correcte, comprenez que les femmes
peuvent se promener les seins ou les fesses à l'air tant
qu'elles sont découvertes par un grand couturier. Pour
les hommes, la règle est plus stricte : costumes cravate
et nœuds papillons obligatoires. Comme si l'habit faisait
le moine, comme si un complet Versace faisait la respectabilité.
Au lieu de s'attacher à des détails vestimentaires, les
organisateurs feraient mieux de trier les invités qui
les portent pour éviter que le Festival ne vire au grand
n'importe quoi.
VIP
Cannes
est une réserve pour people. Un peu comme Saint Tropez
l'été, le Festival du Film devient le lieu de la branchitude
hexagonale, voire européenne, voire internationale. Ces
personnalités ne sont pas vraiment là pour les films.
Voyons. Non, ces célébrités au statut souvent loin d'être
mérité se rendent sur la Côte d'Azur pour être vu à la
fois de leurs congénères et de leurs contemporains. Et
le festival de les choyer avec une entrée leur étant réservée.
Mais, ce qu'ils ne savent pas ou font semblant d'oublier,
c'est qu'ils ne font rêver que les idiots et les frustrés.
La majorité de la population, elle, les trouve souvent
bien ridicules.