FACE AU RISQUE DE FORMATAGE, L’ANIMATION
S’OUVRE A LA FORME DOCUMENTAIRE
La 28e édition
du Festival international du film d’animation d’Annecy aura
été marqué cette année par une certaine tendance à l’uniformisation
du genre avec un édito en forme de coup de gueule de Serge
Bromberg, directeur artistique du festival particulièrement
remonté par les trop nombreux films présentés à la sélection
mettant en scène des « robots perdus dans des univers
si lointains qu’il ne ressemble plus à grand-chose »
ou des courts-métrages en forme de blagues ou d’anecdotes
sans réel regard d’auteur et de cinéaste.
Car on peut l’oublier, mais dans l’animation comme dans tout
film de cinéma, c’est le regard du cinéaste qui prime et sa
manière de toucher et d’émouvoir son public. Heureusement
cette poussée d’uniformisation s’accompagne en même temps
d’une ouverture de l’animation sur le genre documentaire qui
fait naître de vrais petits chefs d’œuvre.
LA COREE A L’HONNEUR
|
 |
|
|
La Corée, pays à l’honneur cette année,
a présenté ces courts-métrages « maison », la
plupart réalisés en 3D. On attendait que la Corée se démarque
des productions animées asiatiques classiques or les réalisateurs
coréens reproduisent les mêmes codes narratifs et graphiques
que leurs voisins japonais. Par exemple dans le programme
« Rires et sourires » composés de treize films
tous très semblables dans la forme. La sélection tient son
pari de faire rire avec un humour caustique, noir et souvent
absurde mais qui ne va guère plus loin qu’une bonne anecdote :
plaisante mais vite oubliée. Aucune allusion à la culture
coréenne. Rien ne distingue ces courts métrages d’une production
européenne ou américaine ; ce qui fait craindre une
perte de la spécificité culturelle coréenne.
C’est dans le programme « Jeux de styles » que
l’on retrouve de vraies expériences visuelles et picturales
avec Hong-joon Kim ou Byung-ah Han avec Strange
Land qui revisite l’histoire d’Adam et Eve : Ils font
partie de ces animateurs coréens qui se penchent depuis
peu sur l’art traditionnel coréen qui avait été détruit
au début du 20e siècle, ils s’en inspirent tout
en l’intégrant à des techniques plus modernes tentant ainsi
de se libérer du regard orientaliste.