|
 |
|
|
Dans ce cadre, que signifie
(et signifiera) un cinéma d'identité française.
Est-ce que le langage est une manière de se différencier
? Certainement, mais les modes de consommation dans les pays
industrialisés sont parfois similaires, et le cinéma
est un moyen de consommer du divertissement et de "l'évasion".
En effet, la majorité des spectateurs voit des films
mais ne les regarde pas. Les personnes qui s'intéressent
au cinéma en tant qu'art sont peu nombreux. Et c'est
pourtant justement le fait que le cinéma soit aussi
un art, que l'origine culturelle de chaque artiste à
une importance prédominante dans le travail qu'il réalise.
La standardisation du secteur du cinéma n'est pas antinomique
avec l'existence d'un cinéma d'auteur. Dans l'industrie
automobile, Fiat fabrique et vend aussi bien des Punto que
des Ferrari.
Par conséquent le cinéma d'auteur ne peut (et
ne pourra) exister que s'il est vraiment ancré dans
une culture régionale. Un nouvel horizon se dessine,
malgré des difficultés. Il semble que chaque
cinématographie présente en Europe pourrait
mieux bénéficier des alliances entre les pays
afin de garantir une pluralité artistique et la mise
en avant des particularismes régionaux.
Cependant il réside encore des doutes de la part de
quelques pays membres de l'union européenne. Les 10
èmes rencontres de Beaune ont mis en évidence
la réticence de certains de nos partenaires face à
la manière dont est organisée l'industrie du
cinéma français. Ce cheval de Troie anglais,
allemand et hollandais, certainement sous l'impulsion américaine,
pose le problème du maintien des questions culturelles,
tel qu'il est organisé aujourd'hui, au sein des débats
de l'Union Européenne.
 |
|
|
|
L'Europe s'est construite
sur des alliances économiques entre les pays membres
en excluant dans un premier temps les questions culturelles.
Depuis 1992, date de la signature du traité de Maastricht,
elles sont au coeur de nombreux conflits. Comme le rappelait
récemment Dominique Wolton, "oeuvrer pour que la culture
reste une valeur, et pas seulement un marché, c'est
rester fidèle à cette idée même
d'Europe" (3).
Par conséquent une Europe de la culture plus à
même de répondre aux attentes des citoyens est
indispensable, sans pour autant qu'elle ne se transforme sous
l'impulsion de certains décideurs, véritables
bras armée des américains, en un alter ego des
Etats-Unis de la culture.
 |
|
 |
|
(1) La projection
nationale de Jean-Michel Frodon, Ed. Odile
Jacobs, 1998.
(2) Ce sont des suggestions
qu'ils infirment ou confirment. Ce ne sont plus
des commandes publiques, mais leurs choix peuvent
se transformer en commandes entre professionnels,
ce qui peut induire une maîtrise interne
(au secteur) de la production et devenir en fait
des commandes privées.
(3) Article de Dominique
Wolton parut le 9 novembre 2000, Le Monde.
|
|
|