Le directeur de la photographie
peut-être votre meilleur ami...ou votre pire ennemi. A
l’époque du noir et blanc, on se donnait un mal fou pour
déterminer quelles couleurs et quels tissus rendraient
les meilleurs contrastes à l’écran. Et jusque
récemment certaines couleurs ou impressions passaient
encore très mal. Le créateur de costumes devait
alors se soucier de savoir si le cameraman utiliserait de la
pellicule panchromatique ou orthochromatique !
Aujourd’hui, cela n’est plus un problème...mais le directeur
de la photo a encore quelques moyens de vous faire suer.
S’il décide au dernier moment de faire un gros plan sur
l’oreille de la comédienne, le pendant en toc que vous
avez déniché au tout-à-dix-francs ne passera
pas pour un diam’s. S’il tire son négatif en sépia,
le voile de la mariée ne risque plus de ressembler à
de la dentelle ancienne. S’il vous promet une lumière
à la Jérôme Bosch et finit par vous donner
du Picasso, ça va forcément jurer !
En attendant, dormez-tranquilles, les essais filmés sont
toujours de mise, car on ne sait jamais à l’avance comment
les tissus vont réagir.
NEUVIEME COMMANDEMENT
Ne jamais laisser quelqu’un d’autre
que le réalisateur commenter vos costumes. La raison
pour laquelle Gabriella Pescucci refuse de faire des films
contemporains, c’est qu’elle ne supporte pas les femmes
de metteurs en scène, qui trouvent toujours à
redire sur les costumes. D’ailleurs personne ne se prive
de donner son avis. Alors que sur un film d’époque,
à moins d’être historienne, la femme du réalisateur
se la boucle, comme tout le monde.
En outre, et en règle générale, les
réalisateurs ne s’intéressent pas plus que
ça aux costumes. Mais parmi les meilleurs, certains
sont des exceptions comme Orson Welles (qui dessinait lui-même
quelques costumes), Hitchcock (qui adorait jouer l’habilleur
pour ses vedettes...féminines) ou Fellini (pour qui
le costume était un élément de décor,
tout comme le maquillage).
DIXIEME COMMANDEMENT
Accepter les neuf autres. Le
métier de costumier n’était pas représenté
lors des premières cérémonies des César’.
Il ne bénéficie toujours pas d’une carte professionnelle
au CNC, de sorte que n’importe qui peut s’improviser créateur
de costume. Mais si le métier n’offre pas que des
joies, il permet d’assouvir la passion de l’art et du vêtement.
Chapitre "le costume" par Boris
Bilinsky, dans "l’Art cinématographique",
T. VI, pp 25-56 - le n°426 de l’excellent
Positif
Formation : une école
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stylisme, pourquoi pas les deux ? ENSATT propose
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Salaire (minimum syndical): 12 696 francs
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