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Les raccords de jeu sont encore une occasion
pour la scripte détaler au grand jour sa merveilleuse
culture générale. En effet, elle est probablement
la seule sur un plateau à savoir qu'on ne regarde pas
à travers ses lunettes avec les mêmes tics selon
qu'on est astigmate, myope, presbyte ou hypermétrope.
Elle est une pinailleuse professionnelle, un as du détail,
et je défie qui que ce soit daller au cinéma
avec elle...c’est un calvaire. La déformation professionnelle
est inévitable chez la scripte. Elle ne peut empêcher
ses deux yeux de fouiner partout, à l’affût de
la moindre terreur...forcément impardonnable. Mais
on n’accuse pas sans preuve : à la suite d'un déplacement
en province, l’équipe d'un court-métrage regagnait
la capitale en train. Pendant tout le trajet, alors que les
travailleurs exténués s’affalaient sur les banquettes,
il ne se passa pas une seconde sans que la scripte ne mit
ce temps à profit pour rédiger ses rapports.
A l’arrivée en gare, elle se leva pourtant devant les
autres et leur dressa une liste complète et détaillée
des manteaux, bagages, et accessoires avec lesquels ils étaient
montés à bord ! Par respect pour la profession,
la petite histoire ne retiendra pas que la scripte, trop assidue,
en oublia les siens propres !
Vis à vis du monteur, la scripte
se doit de fournir des rapports très précis,
prenant en compte les défauts et les qualités
de chaque prise. Parés tout le mal quelle s’était
donnée sur le tournage pour éviter les faux
raccords, il serait effectivement mal venu que le monteur
choisisse parmi d’autres la seule prise qui " cloche ", script-ologiquement
parlant. Imaginez la tête de Sylvette Baudrot si le
monteur de " Monseigneur " (de Roger Richebé) avait
monté la prise dans laquelle l’actrice principale ne
porte qu’une boucle d’oreille ! (" j’ai toujours des problèmes
avec les actrices à qui les boucles d’oreille font
mal " admet-elle encore aujourd’hui).
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La scripte participe ainsi à toutes
les étapes de fabrication d'un film. Elle est présente
pendant la préparation, débordée sur
le tournage, encore active en post-production. " J’ajouterai
que les carrières du cinéma sont plus que des
métiers : ce sont des sacerdoces ". Ce qui n’empêche
pas Sylvette Baudrot, 47 ans de carrière, de conclure
en ces termes : " arriver le matin sur un plateau, voir
les techniciens et les comédiens travailler, travailler
avec eux, c’est un plaisir merveilleux. Toujours. " Et
travailler avec Sylvette, c’est tout aussi merveilleux, vous
diront ceux qui ont eu ce plaisir (Jacques Tati, Alain Resnais,
Louis Malle, Costa Gavras, Roman Polanski, Luc Besson, etc.)
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Formation : FEMIS ou 4 stages de scripte
ou 7 films comme secrétaire de production
ou dérogation du CNC
Salaire (minimum syndical)
: 6000 francs, sur une base de 39 heures hebdomadaires
Place au générique
: juste parés les assistants-réalisateurs.
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La Script-Girl de Sylvette Baudrot et Isabel
Savlini
Collection Cinéma/Vidéo, FEMIS, Paris,
1989
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