Depuis le dernier trimestre de l’an 2000, la France tout entière
est atteinte d’une frénésie et d’une psychose
collectives, du modeste particulier terré au fin fond
de son Larzac natal jusqu’aux plus hautes instances gouvernementales
perchées dans leurs tours d’ivoire, en passant bien sûr
par les médias, toujours âpres à se repaître
des moindres mouvements d’opinion, quitte à les faire
naître en les cultivant directement dans les recoins de
nos assiettes. L’ennemi y rumine sa vengeance depuis des années,
ulcéré d’avoir ingurgité tant et plus de
la nourriture qui l’a transformé en quasi cannibale :
le bien nommé Prion est parmi nous, prêt à
surgir du premier steak venu pour nous faire trembler et nous
secouer de spasmes sporadiques. Surclassant de loin les rillettes
frelatées, les porcs aphteux, la volaille dégénérescente
ou les listérias galopantes, la vache folle assoit davantage
son règne au sein de nos consciences jour après
jour, broutant un à un nos scrupules de coupables carnivores.
Le cours du bœuf n’en finit plus de chuter, nos amis de la CEE
s’empressent de mettre en place un blocus avant de s’apercevoir
que l’ignoble ver est aussi dans leur fruit, des générations
de nouvelles bêtes malades éclosent aux quatre
coins de l’Hexagone, les normes européennes deviennent
de plus en plus strictes sans endiguer le fléau :
le territoire épizootique de la Bête s’étend
inexorablement. |
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Depuis
le dernier tri-mestre de l'an 2000, la France tout entière
est atteinte d'une frénésie et d'une psychose
collectives, du modeste particulier terré au fin fond
de son Larzac natal jusqu'aux plus hautes instances gouvernementales
perchées dans leurs tours d'ivoire, en passant bien
sûr par les médias, toujours âpres à
se repaître des moindres mouvements d'opinion, quitte
à les faire naître en les cultivant directement
dans les recoins de nos assiettes. L'ennemi y rumine sa vengeance
depuis des années, ulcéré d'avoir ingurgité
tant et plus de la nourriture qui l'a transformé en
quasi cannibale : le bien nommé Prion est parmi nous,
prêt à surgir du premier steak venu pour nous
faire trembler et nous secouer de spasmes sporadiques. Surclassant
de loin les rillettes frelatées, les porcs aphteux,
la volaille dégénérescente ou les listérias
galopantes, la vache folle assoit davantage son règne
au sein de nos consciences jour après jour, broutant
un à un nos scrupules de coupables carnivores. Le cours
du buf n'en finit plus de chuter, nos amis de la CEE
s'empressent de mettre en place un blocus avant de s'apercevoir
que l'ignoble ver est aussi dans leur fruit, des générations
de nouvelles bêtes malades éclosent aux quatre
coins de l'Hexagone, les normes européennes deviennent
de plus en plus strictes sans endiguer le fléau : le
territoire épizootique de la Bête s'étend
inexorablement.
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Certes, me direz-vous, mais quid
de David Lynch dans tout cela ? Une Encéphalopathie
Spongiforme Lyn-chienne est-elle en train de s'emparer de
la côte californienne ? David aurait-il placé
des prions en culture dans son frigo pour pouvoir mettre en
scène un nouveau film DV expérimental à
la Bee's
Nest ? S'est-il
lancé dans l'élevage intensif de troupeaux malades
sur ses collines hollywoodiennes ? Non, rien de tout cela
à se mettre sous la dent. D'ailleurs, je ne crois même
pas me souvenir de l'avoir jamais vu avaler autre chose que
son inamovible sandwich à la dinde.
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