Lorsque Franco Nero tourne Django
en 1966 sous la direction de Sergio Corbucci, il ne sait pas
encore qu'il va être l'un des piliers du genre ni comment
celui-ci va évoluer. Pourtant, sur le plateau, le chef
opérateur Enzo Barboni ne cesse de lui parler d'un projet
qu'il espère réaliser lui-même : Trinita.
Franco Nero décline l'offre.
" Alors, ils ont pris un acteur qui me ressemblait,
c'était Terence Hill au début, tout le
monde pensait que Franco Nero avait changé de nom. "
(Giallo Pages N°3 - 1994). Il est vrai que dans
ses premiers westerns (Django, prépare ton cercueil,
Rita del West, La Colère du vent), Terence Hill
adopte une attitude cynique et taciturne, cigarillo aux lèvres,
qui surprend aujourd'hui, eu égard aux films qui ont
fait sa célébrité. " Je
n'étais pas un acteur comique à l'origine. Tout
est arrivé " comme ça ".
( ) Il n'y a pas eu de décision consciente
dans l'orientation comique de ma carrière. C'est l'uvre
de la Providence ! " (Starfix n°13-mars
1984) Né le 29 mars 1939, Mario Girotti a débuté
adolescent au cinéma avec Dino Risi, Pabst et Bolognini.
Plus tard, son physique de jeune premier le destine assez
rapidement aux rôles d'officiers (Le Guépard
de Visconti, notamment) et de héros de péplums.
Il décide alors de tenter sa chance en Allemagne (le
pays de sa mère) et apparaît dans quatre films
de la série des Winnetou. En 1967, il retourne
en Italie et prend le pseudonyme de Terence Hill (Terence
en hommage au poète latin, Hill du nom de sa femme).
Au quatrième jour de tournage de
Dieu pardonne moi pas (Dio perdona Io no)
de Giuseppe Colizzi, le comédien Peter Martell (alias
Pietro Martellanza) se casse une jambe en tombant de cheval.
Hill le remplace et forme ainsi équipe avec Bud Spencer
(alias Carlo Pedersoli). Le film est le premier d'une trilogie
comprenant également Les Quatre de l'Ave Maria
(I quattro dell'Ave Maria 1968) avec Eli Wallach
et La Colline des bottes (La collina degli stivali
1969) avec Woody Strode. Hill et Spencer y interprètent
les mêmes personnages et, malgré quelques bagarres,
le font de manière sérieuse.
Il faut attendre On l'appelle Trinita
(Lo chiamavano Trinita) en 1969 pour qu'un ton ouvertement
parodique s'instaure et que les deux acteurs s'imposent
comme un duo comique. Barboni, devenu pour la circonstance
E.B. Clucher, a enfin pu mener à bien son projet
et signe là une de ses premières réalisations.
Le scénario conte les péripéties de
Trinita (Hill) et Bambino (Spencer), deux demi-frères
voleurs de chevaux, obligés d'aider une communauté
de Mormons menacée par un propriétaire terrien
(Farley Granger, vedette de La Corde, L'Inconnu du Nord-Express
et Senso ). La nonchalance des héros, adeptes
du " farniente " et du système
D, séduit les foules. Le film est un énorme
succès et son importance est capitale dans l'évolution
(et la décadence) du western italien. Le père
du genre, cependant, a alors du mal à la saisir.