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NOUVELLE DONNE
POUR LE CINEMA BRESILIEN
Par Yann RAYMOND


Au Brésil, aller au cinéma est un luxe. Le prix des places varie entre 18 et 36 francs, le salaire moyen est de 1500 francs par mois. Le Brésil est le pays qui possède le rapport, habitants / salles de cinéma, le plus faible du monde : 1500 salles pour 170 millions d'habitants. Face à ce constat peu réjouissant, le gouvernement brésilien se décide à réglementer ce secteur.



  Fernando Enrique Cardoso (c) D.R.

Afin de relancer la fréquentation, la création de structures était inévitable. L'Agence National du Cinéma (Ancine), jouera le rôle du grand régulateur de tout le secteur. Les autres aspects essentiels du projet de loi (qui sera normalement ratifié début 2002), sont la création du Conseil Supérieur du Cinéma (CSC), chargé de développer la politique publique de ce secteur, et du Fonds d'Investissement par quotas (Funcine), il s'agit d'un système de financement de la production destiné à être géré par le réseau bancaire et basé sur le renoncement fiscal. La création du Prodecine est également annoncée : un programme d'appui sur le modèle de la défunte Embrafilme (supprimée par le président Color en 1990) dont le budget sera alimenté par les taxes liées à la diffusion des films étrangers en salles et à la télévision.

A long terme, l'objectif est de favoriser d'une part la production et la distribution de films nationaux et d'autre part d'accélérer les implantations de nouvelles salles de cinéma (90% des villes brésiliennes n'ont pas de salles de cinéma). Depuis près de dix mois, un Groupe de réflexion sur le développement du cinéma brésilien (Gedic) élabore un décret-loi, la " Medida Provisora ". Il a été signé le 6 septembre 2001 par le Président de la République, Fernando Henrique Cardoso.

La Vie peu ordinaire de Dona Linharts (c) D.R.

Aujourd'hui, il n'existe aucun organisme qui régule le cinéma. A tel point que les distributeurs sont obligés de se rendre dans les salles, et de compter par eux-mêmes et à chaque séance le nombre de spectateurs. Un distributeur de films indépendants me racontait que les exploitants lui donnaient en permanence de faux chiffres sur les résultats de ses films et qu'il était forcé de passer ses week-end dans les salles de Rio et de São Paulo à compter, afin de maintenir une certaine pression sur eux.

Quelques lois permettent au marché d'exister, aux producteurs, aux distributeurs et aux exploitants d'exercer leur métier. Sans plus.

L'aspect le plus critiqué du projet de loi, demeure la mise en place de nouvelles taxes ; elles ont engendré une forte réaction de la part de la MPA et du gouvernement américain. Les pontes du cinéma brésilien dont le réalisateur Carlos Diegues ont dénoncé les pressions de Steve Solot, président de la MPA Amérique Latine, et de l'Ambassadeur des Etats-Unis au Brésil, sur le gouvernement afin de participer aux discussions sur la création de l'Ancine.

La MPA dans une lettre adressée au Gedic soulignait que la non-participation des américains à la mise en place de la nouvelle réglementation engendrerait une remise en cause d'accords entre les deux pays sur d'autres secteurs d'activité. Propos déplacés, ils ont dû, quelques jours plus tard, se rétracter et présenter des excuses au gouvernement.

Légiférer le secteur audiovisuel n'est pas chose aisée. S'ajoute à cela l'absence totale de concertation de la part du Gedic avec les professionnels du secteur. Les discussions se sont déroulées à Brasilia, en vase clos. Le gouvernement s'est mis à dos l'ensemble des professionnels du cinéma et de l'audiovisuel. Nommé à la tête de l'Ancine, sur proposition du président de la république, Gustavo Dahl, tente de parer au plus urgent et de défendre la raison d'être d'un tel organisme pour le Brésil.