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Carnages (c) D.R. CARNAGES
Sur le tournage d'une séquence
du film de Delphine Gleize
Par François-Xavier LACAILLE


Amiens en juin 2001, depuis quelques jours, le cinéphile frémit. Un des projets français les plus excitants de l'année se tourne dans une ville plus habituée aux secondes équipes de L'instit.


La piscine, le cirque et enfin la patinoire d’Amiens accueillent le tournage de Carnages, le premier long-métrage de Delphine Gleize. Issue du terreau fertile de la Femis (promotion 1994 - section scénario), la jeune réalisatrice est l'auteur de court-métrages salués par les critiques et les professionnels : Sale battars (multiprimés notamment à Clermont-Ferrand, Angers, Brest, Les Lutins 99 et lauréat du César 2000 du meilleur court métrage), Un château en Espagne (qui fut primé à Cannes, Pantin et Rennes) et Les méduses. Leurs nombreux admirateurs attendent donc Carnages avec impatience.


  Carnages (c) D.R.

Produit par Jérôme Dopffer de Balthazar production (déjà aux côtés de Delphine Gleize pour ses courts), le film réunit un impressionnant casting dont le lien est la carcasse d'un taureau mis à mort lors d'une corrida. Le parcours des organes de la bête aura des conséquences inattendues sur la destinée d'une dizaine de personnages entre la France, la Belgique et l'Espagne. Chiara Mastroianni, Angela Molina, Lio, Jacques Gamblin, Clovis Cornillac et la chanteuse Juliette ont ainsi relevé cet ambitieux pari.


Pour l'heure, à la patinoire, l'équipe tourne ses derniers plans en Picardie avant de prendre la direction de Lille. L'autochtone décide donc de ne pas laisser passer sa chance. Heureux coup du sort, le régisseur me demande de revenir l'après-midi, m'expliquant qu'un complément de figuration ne serait pas malvenu.


De retour à 13 heures sonnantes, un assistant m'entraîne donc entre câbles et projecteurs jusqu'au vestiaire où patientent les figurants. A peine le temps de bredouiller un maladroit bonjour à la réalisatrice, "faut pas traîner" répète l'assistant, Delphine me répond d'un joli sourire. Trop timide (cette maladie) je n'aurais pas d'autre opportunité de dialoguer avec elle. Encore un truc que je regretterais toute ma vie…


Carnages (c) D.R.

Les figurants ne devant tourner qu'en fin d'après-midi, Stéphane, responsable du casting me permet gentiment d'observer le tournage à ma guise.


Ambiance à la fois onirique et burlesque. Fellini n'aurait sans doute pas renié ce plateau. La glace est recouverte de fumigènes, le froid évitant la dispersion de l'épais brouillard à plus de 2 mètres du sol, on a l'impression d'observer une étrange mer de coton.


La caméra, le combo et plusieurs projecteurs sont au milieu, ce qui a pour effet de transformer chaque membre de l'équipe en apparition fantomatique.


  Carnages (c) D.R.

Admiratrice de Tod Browning, Delphine Gleize souhaiterait-elle rendre hommage à son cinéma gothique ? La gélatine bleutée sur certains projecteurs m'a également rappelé l'univers de Mario Bava.

Mais n'extrapolons pas, c'est bien une scène de patinage artistique que répète la réalisatrice avec Clovis Cornillac et une jolie blonde, en partie cachée sous un imper noir. Une patineuse professionnelle évolue autour d'eux pour leur montrer les figures. Ce premier plan est court, le comédien soulève sa partenaire du sol puis la repose délicatement, la caméra est toute proche.


La brume a une utilité purement esthétique, il ne s'agira pas d'une scène de rêve contrairement à ce que l'on aurait pu supposer. Un opérateur m'explique d'ailleurs que les volutes blancs qui envahissent la piste n'étaient pas prévus au départ. Il s'agit d'une expérience. Jugeant l'effet intéressant, la réalisatrice a décidé de le conserver.