Autre personnage important
du film, la musique. Elle tient une place à part entière
et n'est pas utilisée comme un simple fond sonore.
"J'aimais la façon dont Woody Allen l'avait exploité
sur Radio Days et je voulais que dans Ghost World
elle ait la même présence." explique Terry. Les
chansons et les mélodies entêtantes accompagnent
les personnages et les situations dans lesquelles ils évoluent.
De la première scène qui montre Enid, dans sa
chambre, gesticulant sur les rythmes d'un rock indien endiablé
à l'image de fin où elle s'éloigne, dans
le couchant, sa petite valise ronde à la main - plan
hautement imagé du crépuscule de son amitié
avec Rebecca. Le summum fatidique est atteint avec l'envoûtant
morceau de blues de Skip James, Devil got my woman,
qui va changer le regard moqueur qu'Enid porte sur Seymour.
"La sélection n'a pas été très
difficile puisque la plupart des morceaux sont extraits de
ma propre collection de 78 tours. il fallait juste être
prudent ; la musique ne devait pas prendre le dessus sur les
dialogues".
GHOST WORLD
CONTRE L’HOMME-ARAIGNEE !
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Ghost world
est attendu chez nous depuis déjà quelques mois,
la sortie étant sans cesse repoussée. Le distributeur
français - prudent - devait sans doute attendre le
moment propice pour présenter le film au public hexagonal.
La sortie a été arrêtée pour le
5 juin; une semaine après, arrivera sur nos écrans
le très attendu Spider Man de Sam Raimi. Hasard
ou calcul judicieux, ces deux adaptations cinématographiques
de comic books sortent le même moment en France. Outre
le créneau "comic books", le distributeur tente aussi
de placer le film sur un créneau "ados" puisque se
trouve aussi sur le dossier de presse, l'accroche hautement
significative : "Ghost world, il y a une vie après
le lycée". Mais comme les créateurs du film
le précisent "nous n'avons pas voulu faire une énième
comédie adolescente". En effet, Daniel Clowes et Terry
Zwigoff nous livrent une vision très personnelle de
leur Amérique, décalée et loin des clichés
faciles et pompeux que celle-ci nous assène ou dans
laquelle on la maintient. A propos de l'inscription citée
en ouverture, Daniel précise : "Ghost World,
c'est l'Amérique qui se dématérialise
sans cesse sous nos yeux, pour être sans cesse remodelée.
Pour ce qui est de Enid et de Rebecca, c'est l'évocation,
quelque peu amère, d'une amitié de longue date
qui arrive à son terme." La phrase de fin pourrait
être laissée à Terry Zwigoff : "Ghost
World est un film dans lequel j'ai mis tous les ingrédients
que j'aime : la musique, les comics et les gens un peu paumés."
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