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Loulou (c) D.R. LOULOU AU CINEMA
Et le film de G.W. Pabst
Par Johannes HONIGMANN



Retour sur Loulou à l'occasion de la sortie, aux editions Carlotta Films, du DVD du film Loulou de de G. W. Pabst et du coffret Louise Brooks qui rassemble les films Prix de beauté d'Augusto Genina, Loulou et Journal d'une fille perdue de G. W. Pabst.


Immortalisée sous les traits sains, sportifs et frais de la jeune Louise Brooks, l’héroïne de Wedekind a fait l’objet de plusieurs incarnations cinématographiques différentes.



  Pabst (c) D.R.

En 1917, Emil Jannings, pas encore au faîte de sa gloire, donne la réplique (muette) à Erna Morena dans un film signé Alexander von Antalffy. En 1918, deux futurs grands d’Hollywood exercent encore leurs talents sous la bannière magyare : s’emparant à son tour du thème, Mihály Kertész, le futur Michael Curtiz, y dirige Bela Lugosi ! Dans le rôle de Lulu : Claire Lotto.

Mais la version antépabstienne la plus importante est celle de 1922. Produite et réalisée par Léopold Jessner, scénarisée par Carl Mayer, l’inventeur du Kammerspiel ( mouvance cinématographique qui ne sera pas sans marquer Pabst ), elle est intéressante à plus d’un titre :

- bien qu’elle traite du même sujet que le film de Pabst, son titre, Erdgeist  (L’Esprit de la Terre) est celui de la première partie du diptyque de Wedekind, tandis que le film de 1928 s’appelle Die Büchse der Pandora (La Boîte de Pandore) , titre de la deuxième partie.

- elle réunit une distribution éclatante : Asta Nielsen, la plus grande actrice de son temps et au sommet de sa gloire est entourée d’Albert Bassermann ( inoubliable professeur Van Meer dans Correspondant 17 d’Alfred Hitchcock ), d’Alexander Granach ( Knock/Renfield dans Nosferatu ) et du légendaire Heinrich George.

Asta Nielsen (c) D.R.

- la chevelure noire coupée à la garçonne d’Asta Nielsen ne préfigure pas seulement celle de l’interprétation de 1928, mais en constitue même le modèle - lorsque Pabst décida de mettre en chantier son propre remake, une de ses manières d’en remontrer à cette version célèbre mais qu’il estimait ratée, consistait en une reprise du code capillaire de l’héroïne.

- La rue sans joie, le premier grand film de Pabst (1925 ) aura pour vedette officielle (sa vedette officieuse étant, a posteriori, Greta Garbo) ... Asta Nielsen. Alexander Granach, lui, jouera dans La Tragédie de la Mine, en 1931.

Die Büchse der Pandora  connaîtra d’ailleurs à son tour un remake : la version autrichienne de 1960, dirigée par Rolf Thiele et mettant en scène Nadja Tiller.

Enfin, en 1980, le réalisateur franco-polonais Valérian Borowczyk (Les Contes Immoraux) livrera à son tour une version, Lulu.

Loulou, ce film mythique en France, notamment grâce au culte que la critique cinématographique des années 60 aura voué à Louise Brooks, s’appelle donc en réalité La Boîte de Pandore. C’est d’ailleurs sous ce titre que Georges Sadoul, dans son Histoire mondiale du Cinéma l’évoque. Mais la ferveur avec laquelle on aura, en Allemagne comme en France, à plusieurs reprises, adoré Louise Brooks, et Louise Brooks seule, fait que la pièce de Wedekind, et même quelquefois le réalisateur du film, ont été éclipsés par le personnage, et celui-ci lui-même par la chevelure noire, les dents blanches et les seins minuscules de sa plus illustre interprète. Possesseurs de magnétoscopes, à vos appareils, si le cœur vous en dit : dans la scène où, dans les coulisses du théâtre, Fritz Kortner/Schön violente Lulu/Louise Brooks, le sein gauche de celle-ci se révèle l’espace d’un instant...