Noé Productions,
société de production aussi dynamique qu’éclectique
( une bonne dizaine de films produits en 8 ans, dont Dobermann
de Jan Kounen) a surpris le monde du cinéma en mars
2002 en ravissant l’Oscar du meilleur film étranger
à Amélie Poulain avec son fameux No
Man’s Land de Danis Tadovic.
Aujourd’hui, la compagnie de Frédérique Dumas
s’apprête à sortir un nouveau film pour le moins
intrigant : un documentaire réalisé par Jean-Michel
Roux, sur les phénomènes paranormaux, construit
sous la forme d’une "Enquête sur le monde invisible"
(en salles le 30 octobre 2002). Ce film de 90 minutes, tourné
en Islande, aborde, par des dizaines de témoignages
le contact particulier entre la population de cette petite
île millénaire et "le monde invisible", soit
tout ce que nous ne connaissons et ne voyons pas.
Mathieu Bompoint et Frédérique Dumas, nous ont
fait part de leur aventure sur ce film, du point de vue des
producteurs…
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Le matin de notre entrevue,
le jeune producteur Mathieu Bompoint plante le décor
et rappelle la vocation de Noé Productions qui a révélé
de nouveaux talents au cinéphile français, et
s’est imposé sur la scène internationale grâce
au succès de No Man’s Land. "Il s’agit
d’un pari difficile, dit-il, car peu de partenaires
sont prêts à prendre des risques pour des films
qui demandent une telle implication artistique et financière".
Il cite l’exemple d’Aktan Abdykalykov, réalisateur
kirghize, qui a obtenu un Léopard d'argent au festival
de Locarno, tout en ayant eu du mal à trouver le financement
nécessaire pour réaliser son premier long métrage.
Ou l’exemple de Train de vie, du Roumain Radu Mihaileanu,
dont le tournage a été repoussé d’un
an, même si tout le monde trouvait le scénario
génial.
Le premier film sur lequel
Mathieu Bompoint a suivi toutes les étapes de production,
c’est Enquête sur le monde invisible. Ce documentaire
de 90 minutes tourné en Islande, aborde grâce
au témoignage de simples fermiers, d’instituteurs,
de journalistes, de médiums et même de l'ancienne
présidente de la République d’Islande, le contact
particulier entre la population de cette petite île
et le " monde invisible ", soit tout ce que nous,
humains, ne connaissons et ne voyons pas, fantômes,
êtres fabuleux, extra-terrestres...
Pour mener à bien ce projet
doté d’un budget d’un million d’euros, Mathieu Bompoint
s’est heurté aux obstacles classiques de la recherche
de financement aggravée par le climat d’instabilité
naissant chez Noé faute de liquidités. "
En mars 2001, c’était un peu difficile d’imaginer que
le film pouvait se terminer parce qu’on commençait
déjà à avoir un peu de soucis et que
le financement n’était pas bouclé ",
dit-il. Le film a donc été remisé pendant
près d’un an, jusqu’à ce que le dernier financement
pour achever la postproduction ait été obtenu.
Comme souvent, le projet
a atterri sur le bureau de Mathieu Bompoint et de Frédérique
Dumas, grâce à un ancien collaborateur devenu
ami. Le réalisateur français Jan Kounen, dont
Noé avait produit Dobermann, était très
enthousiasmé par Enquête et pensait produire
le film lui-même. Il a finalement préféré
le confier à Noé pour se concentrer sur ses
projets personnels (en particulier la préparation de
Blueberry, dont la sortie est prévue fin 2003).
L’idée du film est
née de la croyance, très vivace en Islande,
en un monde invisible parallèle au monde des humains.
L’auteur d’Enquête, Jean-Michel Roux, avait découvert
l’Islande en faisant des repérages pour un film sur
les elfes. Les récits incroyables alors entendus l’ont
convaincu qu’il avait assez de matière pour faire un
long métrage.
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