Dès la première
vision du film de 26 minutes, que Jean Michel Roux avait fait
pour l’Oeil du Cyclone en 1999, Frédérique
Dumas et Mathieu Bompoint décident d’embarquer dans
cette aventure extraordinaire. " Son 26 minutes était
tellement impressionnant qu’on s’est décidés
assez vite, raconte Frédérique Dumas. Tous
ces gens racontent des choses incroyables, de manière
très banale. Le film traite de tous les phénomènes
paranormaux : les elfes, les monstres aquatiques, les extra-terrestres,
les fantômes… "
Bien sûr, un documentaire
sur le paranormal n’est pas facile à vendre. "
C’est vrai qu’on a toujours été sur le fil du
rasoir pour éviter de passer pour des charlatans ",
explique Mathieu Bompoint. " Quand tu vois
le projet sur scénario, il est difficile d’imaginer
ce que ça va donner, rajoute la productrice.
On savait qu’on ne pourrait intéresser d’autres partenaires
qu’après le tournage. On n’a pas cherché de
distributeur sur scénario, c’était impossible.
"
C’est l’organisme de crédit
de la maison de production, mais aussi le distributeur Bac
Films et la chaîne TPS qui ont sorti Noé de l’impasse.
Jean Labadie, de Bac Films, a regardé le montage du
film et a donné son accord presque aussitôt pour
prendre le film en distribution et en coproduction. Frédérique
Dumas se souvient : " Il est sorti de la projection
en disant : "Moi je n’y crois pas, à ces trucs,
mais je sais exactement comment vendre le film. Mes enfants
me posent plein de questions, alors voilà, ils auront
leurs réponses là-dedans." "
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Outre le sujet, les moyens
employés - en particulier le travail sur l’image et
le son - renforcent l’atmosphère éthérée
et l’esthétique quasi onirique du film. Tourné
en Super 16 au Scope, celui-ci a un grain très poussé,
résultat d’un travail entre le chef opérateur
et le réalisateur pour obtenir une photochimie particulière
au développement du film, explique Mathieu Bompoint.
Le résultat donne une image légèrement
surexposée, notamment à cause de la forte luminosité
présente dans ces latitudes nordiques. La bande son,
constituée principalement de musique électronique
scandinave peu connue en France, n’est pas sans rappeler le
style étrange de Björk. La star islandaise a d’ailleurs
failli signer un titre pour la BO du film mais, le projet
ayant pris trop de temps à être développé,
elle s’est finalement désistée, indique Mathieu
Bompoint.
Interrogé sur la
tonalité space du film, le jeune producteur
ne rechigne pas à lui coller une étiquette "
New Age " qui correspond à une "soif de spirituel".
Les producteurs ont même décidé d’exploiter
sur le site web du film ( http://www.lemondeinvisible.com)
le tabou entourant ces croyances populaires. " Le
côté communautaire d’Internet permettra aux gens
d’en parler entre eux alors qu’ils n’osent pas le faire autrement
", dit Frédérique Dumas. Le site, divisé
en deux parties, présente d’une part les informations
traditionnelles contenues dans le dossier de presse et dévoile
d’autre part les résultats d’une longue recherche qu’ils
ont fait faire par un journaliste pendant le tournage sur
les aspects historique, philosophique, littéraire,
etc., de ces croyances. "On veut, à travers
le site, ouvrir des forums de discussion en proposant aux
gens la possibilité de se documenter ", résume
Mathieu Bompoint.
Le principal, insistent-ils,
est d’ouvrir le débat et d’échanger, sans condamner
les croyances d’autrui. " Nous, nous voudrions qu’Enquête
fonctionne, à cause de l’aspect humaniste du projet.
Il y a un côté un peu spirituel dans le film,
surtout à la fin où on dit "Surtout n’ayez
pas peur". En fin de compte, tous ces phénomènes
n’existent que parce que les hommes y croient... "
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