La sortie dans 80
salles françaises de La Turbulence des fluides,
le deuxième long métrage de la réalisatrice
québécoise Manon Briand, est un événement
dans la Belle Province. Et pour cause : excepté le
succès exceptionnel du Déclin de l'empire
américain en 1985, les films québécois
passent pratiquement inaperçus en France. La comédie
Les Boys avait bénéficié d'une
sortie dans 116 salles, il y a quelques années, mais
les efforts de promotion n'ont pas été suivis
d'une affluence suffisante pour sauver le distributeur du
naufrage...
|
 |
|
|
Tous les regards de
nos cousins francophones outre-Atlantique sont donc fixés
sur Manon Briand, et elle le sait. " C’est tellement
difficile pour un film québécois d’attirer l’attention,
ne serait-ce qu’à Paris, que si j’avais juste quelques
entrées, je serais déjà très heureuse",
a-t-elle dit à Objectif cinéma lors d’une
entrevue dans un grand café parisien quelques jours
avant la sortie du film.
La protégée du producteur québécois
Roger Frappier a tout de même un atout de taille dans
son jeu pour se faire remarquer en France : elle bénéficie
du soutien de Luc Besson qui, après avoir remporté
un immense succès commercial avec Le Grand
Bleu, Le Cinquième élément
et Nikita, a monté sa propre compagnie
de distribution, Europa Corp. La Turbulence des fluides
ne devrait donc avoir aucun mal à dépasser les
scores honorables réalisés par Philippe Falardeau
avec La Moitié gauche du frigo, qui a tout de
même été vu par plus de 3 000 spectateurs
en automne 2002.
 |
|
|
|
Mais venons-en au
fait. Comme le suggère le titre, le climat général
de La Turbulence des fluides tient en trois mots "
en D " : le désir, le désordre et le danger.
Selon un personnage du film, ces trois éléments
perturbateurs constituent en effet les petits imprévus
dont a besoin l'homme - ou en l'occurrence la femme, puisque
les héroïnes du film sont deux jeunes femmes -
pour ne pas tomber dans l'ennui.
Alice (Pascale Bussières) vit au Japon et travaille
comme sismologue dans un laboratoire réputé.
Elle semble incarner la femme moderne idéale, indépendante
et sûre d'elle, à l'aise au lit comme dans l'analyse
de résultats scientifiques. Cette Québécoise
expatriée au Pays du soleil levant va soudain devoir
retourner contre son gré sur les bords du Saint-Laurent,
qui plus est dans sa ville natale, pour résoudre une
énigme qui laisse pantois tous les experts : Pourquoi
la marée s'est-elle arrêtée à Baie-Comeau
?
Malgré tout son appareillage et ses efforts cartésiens
pour comprendre les phénomènes étranges
qui perturbent la nature et les habitants de la communauté,
Alice ne trouvera pas la clé du mystère. Elle
s'engluera et s'enfoncera malgré elle dans cet univers
figé et lourd où l'air ambiant est empreint
d'une moiteur sensuelle. Désir, désordre et
danger. Désir d'un pilote d'avion Canadair (Jean-Nicolas
Verreault), désordre dans le comportement inhabituel
de la mer et des hommes, et aussi dans l'ambiguïté
des retrouvailles avec une amie française (Julie Gayet),
amoureuse d'Alice depuis leurs années d'université.
Danger enfin avec le pressentiment d'une catastrophe imminente.
|