Quant à Besson,
il a proposé l'actrice Julie Gayet pour le rôle
de l'amie française de Pascale Bussières.
" Les deux filles se sont rencontrées, elles
devaient jouer une complicité d'amies et le déclic
s'est fait instantanément. Ça a été
vraiment un bon coup de dés parce que nous ne la
connaissions pas et ça s'est produit magiquement."
La magie s’est également opérée au
niveau de la musique, qui a été composée
par deux Français, Simon Floquet et Valmont, et qui
a remporté un prix au Festival international de la
musique de film d’Auxerre. " La trame sonore est un
peu hybride : du son concret, du sound design, et de
la musique pure avec une chanson originale pour le générique
de fin. Il fallait créer ce climat de moiteur, de
mystère, de monstre sous-jacent, et en même
temps être très lyrique. En plus, j’avais déjà
choisi et calé des chansons de Hank Williams et de
Goldfrap - j’avais écrit le scénario avec
ces musiques en tête - et les concepteurs de la bande
sonore devaient intégrer ces figures imposées."
Cette collaboration réussie peut être de bon
augure pour une éventuelle ouverture des distributeurs
et des producteurs français envers le cinéma
québécois. " Je crois qu'on est dans
une situation curieuse au Québec : on est très
américains avec une langue qui est le français,
mais tellement différent que c'est une frontière
à dépasser. C'est une frontière invisible
que d'être à la fois proche et loin. On a un
cinéma qui est plus physique, peut-être moins
intellectuel..."
" C’est seulement
depuis les années 1960 que l’on fait du cinéma
de fiction au Québec, donc l’approche formelle n’a
pas eu beaucoup de temps pour se développer. Denis
Villeneuve, André Turpin, toute cette génération,
nous sortons d’écoles de cinéma et l’on a été
puiser beaucoup plus dans la cinématographie mondiale,
on s’est interrogé plus sur la forme, on a fait des
clips, de la pub, alors ça donne une image plus
travaillée."
Comme toujours, la question de la langue est chaude au Québec
et, lors de la sortie de La Turbulence des fluides,
on a reproché à Briand d'avoir adouci l'accent
des personnages pour convenir à un public français.
La réalisatrice se défend d'avoir fait des compromis
pour Europa Corp, mais souligne ses efforts volontaires pour
ne pas tomber dans le régionalisme. " Le personnage
principal, Alice, est une Québécoise mais elle
vit au Japon et elle travaille en anglais, donc c’est vraiment
une femme internationale, sans aucune attache. Pour tous les
autres personnages de Baie-Comeau, une petite communauté
dans le nord du Québec, il n'y a eu aucune correction.
J'ai simplement évité les injures en québécois
ou les expressions trop accentuées, trop locales. "
" Je peux comprendre que le langage très accentué
ou argotique puisse rebuter le spectateur français.
Moi-même, quand je vois un film comme La Haine
par exemple, je n'y comprends rien. Je sais l'apprécier
quand même, mais je ne peux pas complètement
goûter la poésie donc il y a une certaine frustration.
"
Pour éviter la frustration de manquer une blague
dans le film de Manon Briand, laissez-moi seulement vous donner
cet indice : au Québec, la crème fraîche
se dit " crème sûre "…
Synopsis - La Turbulence des fluides :
Pour Alice, une sismologue exilée au Japon,
la probabilité de retourner un jour au Canada
était faible. Pourtant, lorsqu'un étrange
phénomène se produit dans un petit
village côtier de l'estuaire du Saint-Laurent,
c'est elle qui est désignée. A Baie-Comeau,
la marée a tout simplement disparu. Rationnelle,
la jeune femme mène son enquête et
retrouve Catherine, une amie d'enfance, elle aussi
venue pour étudier le phénomène
en question. Au fil des jours, le mystère
s'épaissit et Alice replonge dans des sentiments
qu'elle croyais disparus. Elle rencontre Marc Vandal,
un homme séduisant qui a vécu un drame
dont l'énigme n'a toujours pas été
élucidée. Peu à peu, allant
à l'encontre de ses convictions scientifiques,
Alice doit admettre que les hasards sont nombreux
et troublants. Tout ce qui se passe dans cette ville
semble être lié par un secret, une
force qui échappe à toute mesure.
2001La Turbulence
des fluides avec Pascale Bussières, Julie
Gayet 1998
2 Secondes avec Charlotte Laurier, Dino Tavarone 1997Cosmos de Jennifer Alleyn & Manon Briand
avec David La Haye (cm)
Titre : La Turbulence des fluides Réalisateur :
Manon Briand Scénariste :
Manon Briand Acteurs : Pascale
Bussières, Julie Gayet, Jean-Nicolas Verreault,
Geneviève Bujold, Norman Helms, Vincent
Bilodeau, Simon Deslandes, Gabriel Arcand, Hiro
Kanagawa, Ji-Yan Seguin Compositeur : Simon
Cloquet, Valmont Directeur de la photographie :
David Franco Chef décorateur :
Mario Hervieux Chef monteur :
Richard Comeau Producteurs : Roger
Frappier, Luc Vandal, Luc Besson, Pierre Ange
Le Pogam Production : EuropaCorp,
Max Films Productions Distribution :
EuropaCorp Distribution Sortie France : 11 Décembre
2002 Pays : France,
Canada Durée : 1h 55mn Année :
2001