Mars
2002
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L'équipe se complète progressivement avec
une scripte et, ô joie, une maquilleuse, enfin ! L'un des
postes clés dans ce projet, la tâche étant des plus délicates
: il faut en effet dessiner chaque jour, à main levée sur
le corps de l'acteur, avec juste un modèle sur papier, les
tatouages prévus dans les scènes à tourner. Au total, il y
a près de quarante tatouages différents, dont certains difficiles
à reproduire, ou situés sur des parties du corps particulièrement
délicates à maquiller. Il y a aussi une difficulté supplémentaire :
les apparitions de tatouages ne pourront pas être tournées
dans l'ordre chronologique pour des raisons évidentes liées
au plan de travail, tributaire de la disponibilité des décors,
etc... Stéphanie, notre sauveuse, est malgré tout très motivée
: rien ne semble pouvoir l'effrayer !
Asako et Julie, mes assistantes, se démènent toujours pour
trouver les décors manquants : la piscine vide, le supermarché
et la salle de soin résistent toujours ! Des centaines de
coups de fils sont passés, des dizaines de cafés sont bus,
des milliers de cigarettes sont fumées. Farès Ladjimi, notre
directeur de production, trouve de son côté un décor comme
je n’aurais osé l’envisager : une ancienne soufflerie
appartenant à la Défense Nationale, l'ONERA, située à Meudon,
un site industriel classé, pour lequel nous obtenons une autorisation
de tournage aussi exceptionnelle qu'inespérée (et gratuite
de surcroît !). Les chargés de relations publiques, particulièrement
accueillants, nous organisent même une très agréable journée
de repérages guidés. Décidemment, la difficulté n'est jamais
là où on l'attend !
J'écris également durant ces semaines tous
les dialogues du film. Le principe de narration est un peu
particulier dans cette histoire : on entend penser le
personnage principal et rien d’autre. Aucun des dialogues
ne sera entendu au final en son direct, mais les acteurs en
ont malgré tout besoin pour jouer les situations.
Avril
2002
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Je me décide enfin : Daniel sera Phil !
Je laisse à Julie, qui a jusqu'alors rempli seule la délicate
mission de prévenir par téléphone tous les comédiens qui n'étaient
pas retenus, le plaisir d'annoncer cette fois la bonne nouvelle
à l'heureux élu.
Deux jours plus tard, première séance de travail avec Daniel
où nous avons une discussion très en profondeur sur le personnage…
La distribution étant enfin complète, j'organise également,
un dimanche après-midi dans les locaux de la boite de production,
une lecture totale du scénario avec tous les comédiens, afin
qu'on apprenne, lentement, à se connaître. Commence aussi
le travail de la costumière, qui doit voir avec chacun des
acteurs ce qui convient dans sa garde robe personnelle pour
les costumes du personnage.
Sur les dernières semaines, comme toujours, la préparation
s'emballe et passe à la vitesse supérieure. Le temps presse,
je dois sacrifier la minutieuse préparation du découpage aux
répétitions qui sont pour moi indispensables. Les séances
s'enchaînent à un rythme draconien. Daniel, qui joue Phil,
est tout particulièrement mis à contribution : il est
dans toutes les scènes, et pour lui, les journées de répétition
durent parfois plus de dix heures ! La construction du
personnage de Phil, est un travail éprouvant mais qui se révèle
tout simplement jouissif ! Ce qui jusqu'à présent n'avait
été qu'un long rêve dans ma tête, puis sa transcription par
écrit, commence soudain à prendre vie, à prendre chair, à
me surprendre, à vivre et à acquérir son autonomie propre
! Si ce n'est pas de la magie, qu'est-ce que c'est ? Et si
des résidus de doutes avaient réussi à subsister encore quant
au choix de Daniel pour le rôle phare, ils sont réduits à
néant dès les premiers jours de travail avec lui. Le dialogue
s'installe avec un naturel réconfortant, la collaboration
se révèle fructueuse, stimulante, enrichissante ! Je réalise
au fil des jours que je suis en osmose avec lui, je lui fais
toute confiance, et me voilà soulagé d'un poids monumental
! Je nage dans le bien-être et me prépare sans quasiment le
moindre stress à me lancer dans cette folie furieuse qu'est
le tournage...
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Pour compléter le tout, une équipe régie,
menée par une Géraldine à l'accent chantant, s'est enfin constituée
pour mener à bien toute l'organisation logistique des dix-huit
jours de tournage prévus.
Dernière étape avant tournage : les essais maquillages.
Stéphanie teste sur la peau de Daniel plusieurs types de marqueurs.
Une véritable galère s'annonce pour elle : aucun des
feutres normalement prévus à cet effet ne s'avère très concluant.
Certains ne tiennent pas, d'autres sèchent après seulement
quelques minutes d'utilisation. Et pour Daniel, l'effet sur
la peau de toutes ces encres ne semble pas particulièrement
bénéfique ! On discute également, assez longuement, des
modalités concernant l'un des tatouages, très particulier,
censé apparaître sur le sexe du personnage.
La veille du tournage, pour la toute première fois de ma vie
en cette circonstance, je dors sur mes deux oreilles. Sans
doute parce que je ne me doute pas des galères qui m'attendent
dès les premières minutes de la première journée de tournage !
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