Par
Jean Marie ROTH,
en partenariat avec scenario-mag.com,
site dédié à l’écriture de scénarios
Scenario-mag.com, qui vous propose
cet article, a pour vocation d'aider les scénaristes
dans l'élaboration et la promotion de leurs scénarios
en mettant à leurs dispositions tous les outils de communication
qu'offre Internet. Leur mission est également de faire
connaître le métier de scénariste et de
le valoriser auprès du grand public.
Petite devinette :
Selon vous, quelle est la mésaventure la plus terrible que puisse
vivre un scénariste ?
Avoir un doute sur la dramaturgie ? Ne plus savoir quoi faire
de ses personnages ? Voir son scénario refusé par un producteur
? Perdre la tête, voire son stylo ?
Non, il y a bien pire..
Rien n'est plus douloureux
pour un scénariste que de s'apercevoir que le scénario qu'il
est en train d'écrire ne correspond pas à ce qu'il voulait
faire. De se rendre compte que, finalement, il s'est trompé
de sujet ou d'objectif.
En effet, face à ce genre de situation, le scénariste n'a
plus d'autre solution que d'oublier son œuvre pour en travailler
une autre. D'abandonner l'écriture pour se vouer corps et
âme au bandonéon. Dans ce cadre, les outils dramatiques ne
sont d'aucun recours, les producteurs sont hors de cause,
que dis-je, la terre entière est hors de cause, et l'auteur
ne peut s'en prendre qu'à lui-même.
Évidemment, faire ce constat après deux semaines de travail
n'est pas réellement un drame, mais après six mois d'investissement
artistique et intellectuel, c'est une tout autre affaire.
Pour éviter ce terrible désagrément, il convient de bien se
situer face à son projet.
Ainsi, posez-vous cinq questions clés et prenez soin d'y répondre,
le plus honnêtement du monde.
1 - Pourquoi cette histoire ?
Pour intéresser le public, me direz-vous. C'est parfait !
Mais cela reste insuffisant pour justifier, face à vous même,
le choix de votre narration.
Avant de partir en vacances, vous vous demandez où vous avez
envie d'aller. Au restaurant, nous sommes nombreux à réfléchir
à ce que nous voulons manger avant de passer commande. Pour
le scénario, c'est pareil. Si bien que je vous conseille vivement
de prendre le temps nécessaire à l'étude de cette question.
2 - Quel lien a-t-elle avec mon existence ?
A cet endroit, déterminez le lien nouant l'histoire à votre
vie.
Bien entendu, vous avez eu la sagesse préalable de ne pas
vous lancer dans une autobiographie mais, franchement, votre
choix est-il réellement innocent et dépourvu de toute arrière-pensée
?
La superbe héroïne de votre histoire n'a-t-elle pas une quelque
ressemblance avec la charcutière qui hante vos rêves ? Le
monstre avec son imbécile de mari et le chevalier libérateur
avec vous ?
Si tel est le cas, cela n'a rien de gênant, mais il est préférable
d'en être conscient, ne serait-ce que pour ne pas confondre
imaginaire et phantasme, récit et thérapie.
3 - Mon sujet me passionne-t-il vraiment ?
Il est fréquent d'avoir des envies, venues de je ne sais où,
d'écrire l'histoire géniale de je ne sais quel événement nous
ayant ému, de je ne sais quelle idée nous ayant caressé dans
le sens du charme, ou de ne je ne sais davantage quelle trame
que nous avons imaginé un soir de fulgurance créatrice.
Bref, tout cela est très beau au moment de la pulsion première.
Mais ensuite ? La pâte génératrice de rêve et d'images, d'intrigues
et de passions ne risque-t-elle pas de tomber aussi rapidement
qu'un soufflet sorti de son four ?
Les auteurs, scénaristes ou non, ayant dans leurs tiroirs
l'ébauche de 528 histoires sont aussi nombreux qu'irrémédiablement
inconnus.
Aussi, pour éviter ce style de déboires, prenez tout le temps
nécessaire à cette introspection salvatrice.
En effet, sans passer par cette étape, il est quasiment impossible
de garder sa motivation intacte durant les six ou huit mois
de travail qu'exige l'écriture d'un scénario de film long
métrage.