4 - A qui
s'adresse mon scénario ?
Tintin peut se targuer de passionner
les 7 à 77 ans, bien que cela puisse paraître réducteur lorsque
l'on sait que d'ici une quarantaine d'années, avec les progrès
de la science, l'espérance de vie sera de 140 ans.
Mais vous, aujourd'hui, pour qui écrivez-vous ?
Plutôt les femmes ? Plutôt les hommes ? Ou plutôt les deux
?
Plutôt les jeunes générations ? Ou plutôt les personnes âgées
?
Plutôt les classes moyennes ? Ou plutôt les piliers du 16ème
?
Plutôt les gens simples ? Plutôt les intellos ? Ou plutôt
les intellectuels ?
Drôles de questions, non ?
Pourtant, il est très fréquent d'entendre des auteurs répondre
- quant à l'une ou l'autre des séquences de leur scénario
- qu'ils l'ont écrite pour faire plus jeune, pour plaire aux
retraités, pour ne pas froisser la gente masculine, pour ne
pas oublier les chômeurs, pour évoquer la banlieue parce que
ça fait moderne, pour ne pas se mettre à dos les homosexuels,
etc.
Quelle aberration !
Concrètement - sauf cas d'exception - votre souci premier
doit être de vous adresser à tout le monde, sans distinction
de sexe, de race, de religion, d'âge, de niveau intellectuel
ou social. Finalement, votre but est d'écrire une histoire
avec son lot d'émotions et il serait absolument prétentieux
et erroné de vouloir sérier ou étiqueter les spectateurs.
Alors, de grâce, ne tombez pas dans le piège monumental qui
consiste à vouloir plaire à tout le monde au moins un petit
peu. Votre rôle est d'écrire une histoire, pas de faire une
étude de marché.
Croyez-moi, à la question : à qui s'adresse mon scénario,
il n'y a qu'une réponse possible : "à ceux qui aimeront
le film !"
5 - Pour qui écris-je mon scénario
?
Cette question, proche de la précédente
dans sa formulation, se situe en fait à l'opposé exact de
cette dernière.
A cet endroit, analysez le pourquoi du comment. L'acte d'écriture
est rarement gratuit. Sa pulsion première peut être conséquence
de deux phénomènes :
" J'écris pour évacuer quelque chose qui me tient à cœur.
" J'écris pour adresser un message à mes proches.
Souvent, les deux peuvent se confondre.
Bien entendu, le propos sert de prétexte. Une fois encore,
il est clair que vous n'allez pas directement raconter votre
vie (comme nous l'avons vus au second point).
Donc, il n'est plus tant question ici de vérifier le lien
unissant votre récit à votre existence, que de vérifier votre
volonté éventuelle d'agir sur votre entourage.
Certains écrivent simplement pour prouver aux leurs qu'ils
en sont capables. Dans ce cas de figure, le message adressé
aux proches est celui d'un manque de reconnaissance. Même
si l'intrigue, en elle-même, n'y fait aucunement allusion.
D'autres écrivent pour séduire celle ou celui qu'ils aiment.
D'autres encore pour gagner en notoriété.
Le but ici est donc davantage de s'attacher aux mobiles de
l'acte d'écriture, plutôt qu'à ses alibis.
Cette question, contrairement aux précédentes, n'a d'importance
que le fait de pouvoir l'évacuer en y répondant. Et croyez-moi,
il n'y a aucune honte à admettre que l'écriture puisse également
posséder une vocation interne, voire stratégique.
Enfin, lorsque ces cinq points seront très clairs pour vous,
parlez-en à ma charcutière. C'est pour me faire remarquer
d'elle que j'écris pour scenario-mag.
 |
|
Titre : L'écriture
de scénarios
Auteur : Jean-Marie
Roth
Editeur :
Chiron
Type :
guide broché
Nombre de pages :
208 pages
Format : 17
cm x 24 cm
|
|
|