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Revenons sur Long Way
Home, le film, qui est un brassage d’expériences, celles
des acteurs ou celles des scénaristes. Quand on demande à
Peter et à Eva le personnage dont ils se sentent le plus proche,
les idées divergent et les affinités se font sentir. Eva,
la première à prendre la parole, dit : «Je ne sais pas
si je peux tellement dire quelle genre d’adolescente j’étais,
mais, Peter et moi avons mis un peu de notre vécu en Judy
et Victor. Le personnage de Judy est, je pense, extrêmement
réaliste et représentatif de nombre de filles de son âge,
en ce qui concerne la sexualité, la famille, et malheureusement,
l’obligation de faire croire qu’on sort avec quelqu’un pour
être enfin en paix, vis-à-vis des autres garçons. Cela fit
effectivement partie de ma vie et, par extension, de
celle de beaucoup de filles. Cela confère une indéniable
universalité à l’ensemble.» Quant à Peter, plus discret,
plus laconique, il pencherait singulièrement plus pour… Melony,
la jeune fille aux lunettes, copine de Judy, un peu effacée,
manquant d’assurance, qui s’embellit au contact de l’amour,
au centre d’une très belle scène où son petit ami lui demande
d’enlever ses lunettes et de lâcher ses cheveux pour qu’elle
ressemble à Julia Roberts. En vérité, elle finit par ressembler
à elle-même, en arborant son vrai visage. Cette révélation
semble même surprendre la scénariste qui reprend en aparté
ce que Peter affirme, comme s’il s’agissait d’une confession
intime qu’il n’avait jamais eue l’audace de révéler : (à Peter)
«Tu as toujours eu envie d’être tous les personnages à
la fois: drôle comme Harold, beau comme Victor…». Et à
Peter de justifier ses dires : « Peut-être mais moi je
me sens plus proche de cette fille ». Silence dans la
salle. Eva relance la conversation : « De toute façon,
je pense qu’il y a beaucoup de nous en chacun de ses personnages
». Conclusion et question suivante, merci bien.
Malgré l’excellence du film, on peut malgré tout se demander
si certains ne vont pas rejeter en bloc la vision du cinéaste
sous prétexte qu’il dépeint un monde dépourvu de violence.
Peter, d’emblée, m’interrompt et me disant : « Vous
savez, les gens qui disent ça ne sont pas des critiques «sérieux».
Ils m’ont demandé clairement pourquoi les adolescents dans
mon film n’avaient pas de flingues.» Eva reprend: « Si
on se fonde simplement sur notre expérience ainsi que sur
celle des acteurs, nous avons constaté qu’il n’y avait pas
de forme de violence et que cela ne faisait pas partie de
notre univers. Donc à quoi bon amplifier et donner au film
cette surenchère inutile ?». Bien dit.
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Comme tout jeune cinéaste
qui se respecte, Peter Sollett est avant tout un cinéphile
averti dont les influences transparaissent peu ou prou à l’écran.
On aurait bien pensé au cinéma de Walter Salles, réputé lui
aussi pour son réalisme, mais Peter cite plus volontiers les
Bergman, Truffaut, Fellini. Des maîtres, en somme. Comme il
n’a pas non plus envie de rester sur Long Way Home
qu’il continue depuis plus d’un an à présenter un peu partout
(et qui, de fait, se taille une belle réputation), Peter est
sur un nouveau projet qu’il est actuellement en train d’écrire
: une comédie autour de la mort. Et malgré un sourire, nous
n’en saurons pas plus. Enigmatique le Peter…
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2001
Long way home / The Long way home avec Victor
Rasuk
1999
Five feet high and a rising avec Victor
Rasuk, Judy Marte
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