Dans ce long labyrinthe qui se nomme
scénario, le Thésée que vous êtes a constamment besoin de suivre
un fil conducteur, faute de quoi l’histoire que vous créez semblera
décousue, maladroite et sans valeur.
Il s’agit en fait de tout lier, de tout rapporter, de tout raccrocher
à l'élément principal du film afin de graviter sans cesse autour
de l’essentiel. Cet essentiel, ce fil conducteur, représente
l'angle scénaristique sous lequel votre narration sera construite.
Le fil conducteur (ou point de vue scénaristique – pour ceux
qui n’auraient pas bien lu le titre) peut se présenter sous
trois formes.
Le personnage
Au moins 99 films sur 100 sont conçus sur un schéma prenant
le personnage principal pour fil conducteur.
Constamment vous vous attachez à son comportement face aux embûches
que vous – créateur sadique et sans scrupule – avez bien voulu
glisser sur son chemin. Sans oublier, au préalable, de lui offrir
sur un plateau (logique au cinéma) un but fort, un enjeu crédible
et universel : épouser sa secrétaire, retrouver un killer de
genre serial ou sauver le monde, plutôt que réparer sa clôture
ou se faire refaire le nez (sauf pour Cyrano peut-être).
“Les gens heureux n’ont pas d’histoire” affirme l’adage
populaire. Si philosophiquement le proverbe est discutable,
cinématographiquement il tient lieu de vérité. Aussi, en prenant
le personnage pour support principal de votre scénario, il est
indispensable qu’une multitude d’aventures et mésaventures le
submergent l’espace d’une heure trente. Cependant, n'interprétez
pas de façon erronée les termes "aventures" et "mésaventures"
qui ne sont nullement péjoratifs.
Il ne s'agit pas d'entrer dans une surenchère d'événements catastrophiques
et d'actions rocambolesques. Il ne vous est pas demandé de faire
de votre comptable amoureux de sa secrétaire un James Bond ou
un Indiana Jones. Mais d'imaginer les divers états par lesquels
il pourra passer et, surtout, de percevoir sur un plan événementiel
la façon dont votre scénario progressera avec, pour axe central,
votre personnages, son enjeu, ses problèmes, son action.
En effet, si vous gérez votre personnage avec trop d'introspections,
de retenues, de non dits, d'hésitations et de renfermement,
vous risquez d'oublier de faire du cinéma. Ce n'est pas certain,
mais c'est un risque.
Cependant, votre rôle de créateur tient aussi au fait de savoir
et de définir jusqu’où vous pouvez aller trop loin… Il vous
faut savoir dramatiser tout en restant crédible. Mais c’est
un autre problème, et nous y reviendrons dans un cours prochain.
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