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Le Mystère de la chambre jaune (c) D.R. MARKET IT
L’affiche du film
Le Mystère de la chambre jaune
Par Nicolas JOURNET



DANS LA DROITE LIGNE

Comment traduire Le mystère de la chambre jaune en affiche ? Il y avait la possibilité de reprendre le style des illustrations qui servaient de première couverture aux différentes éditions du roman de Gaston Leroux. Avec quelques variantes pour faire semblant de ne pas trop copier sur le copain, la majorité de ces livres représentaient une main sanglante sur un mur jaune. Il est vrai, l'image la plus forte visuellement du roman écrit par l'ancien journaliste de L'Aurore. Les concepteurs de l'affiche du film de Bruno Podalydès n'ont pas opté pour cette solution de facilité. Ils ont cherché une autre idée pour retranscrire sur papier la première aventure littéraire du célèbre Rouletabille.

  Le Mystère de la chambre jaune (c) D.R.
L'affiche laisse une grande place au jaune, forcément. Cependant, au lieu de mettre en scène l'intérieur de la pièce comme l'ont fait une majorité de leurs prédécesseurs, les graphistes de l'agence de pub Iceberg ont choisi d'en montrer l'extérieur. D'où cette porte légèrement entrebaîllée laissant deviner une obscurité qui ne présage rien de bon. Oublier donc la fameuse tâche de sang sur le mur, mais à la place un petit panonceau de couleur rouge avec un point d'interrogation en son centre est accroché à la poignée de la porte. Au final, le propos ne change pas beaucoup : toujours ce rouge pour signifier le crime, toujours cette référence au mystère, ici par un point d'interrogation. Mais l'affiche a le mérite de réinventer une forme pour une œuvre déjà si connotée après presque un siècle d'existence. Non seulement les graphistes ont fait preuve d'originalité, mais ils ont aussi su insuffler dans leur travail une bonne partie de l'univers des Podalydès. Les lettres de l'affiche font penser à celles utilisées par Edgar P. Jacobs ou Hergé pour les couvertures de leurs bandes dessinées. Cette analogie n'est pas innocente. Il suffit de voir les films des frères Podalydès pour comprendre qu'ils ont baigné petit dans l'univers de la B.D.. Leurs longs-métrages comportent un humour et des personnages, qui rappellent ceux construits par les adeptes de la ligne claire, école de dessinateurs originaires, en majorité, de Belgique. D'ailleurs, depuis des années, ils ont pour projet de porter à l'écran Tintin et leur prochain film en préparation de La marque jaune, l'une des B.D. phares de Jacobs. L'affiche est donc d'une grande fidélité avec l'imaginaire des Podalydès. Mais elle colle aussi au plus près de la conception du cinéma défendue par les deux frères.