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Le contexte politique : le Parti Communiste américain

Mais au fait qu'à fait Kazan ce 12 avril 1952 ? Il a répondu à la question préliminaire de la commission en avouant avoir été membre du Parti Communiste Américain entre 1934 et 1936, époque à laquelle il faisait ses gammes au sein du Group Theatre, une troupe d'avant-garde. Cette troupe est infiltrée par une cellule du Parti Communiste et c'est ainsi qu'il y adhère. Devenu directeur en 1936, le Parti lui demande de transformer son théâtre en entreprise « prolétarienne » où les acteurs détiendraient le pouvoir. Kazan refuse. Pour lui le théâtre n'est pas un art collectif, mais au contraire, pour arriver à son but, il doit exprimer « la vision, la conviction et l'exigeante présence d'une seule personne ».Traité de sbire à la solde des patrons, il est sommé de faire son autocritique et de se soumettre à l'autorité du Parti. Kazan préfère quitter la troupe et rendre sa carte du Parti. Obligé de repartir de zéro, il en gardera une profonde amertume, même si ses expériences suivantes vont lui ouvrir de nouveaux horizons au-delà de la mise en pratique stricte de la méthode Stanislavski. Devant la commission d'enquête, il livre donc presque naturellement huit noms d'ex-camarades du Group Theater, par ailleurs communistes notoires déjà plusieurs fois « nominés ».

Schulberg (c) D.R.

Ces années passées au cœur de l'appareil d'infiltration lui ont appris « tout ce qu'[il] avait besoin de savoir sur le fonctionnement du parti Communiste Américain », expérience partagée d'ailleurs par Budd Schulberg, qui après le triomphe de Sur les quais retrouvera Kazan pour Un homme dans la foule. Schulberg, devenu membre du Parti en 1937, côtoie en effet de nombreux camarades au sein du très politiquement marqué syndicat des scénaristes (SWG), lorsqu'en 1940 il veut quitter Hollywood pour se consacrer à l'écriture d'un roman. Il en parle dans sa cellule pour demander à être relevé de ses missions. On lui répond d'aller prendre ses instructions auprès du président du syndicat (John Howard Lawson), seul habilité à juger de la pertinence de son travail en matière de subversion. Pour Budd Schulberg, après les explications évasives du Parti sur les procès de Moscou, c'est le choc. Il finit par échapper à l'emprise et la pression de ce milieu sectaire en traversant les Etats-Unis en voiture pour aller s'installer sur la Côte Est et travailler à son roman. Il deviendra par la suite un auteur à succès ainsi qu'un spécialiste du monde de la boxe et lorsqu'il apprend que son nom a été cité devant la commission d'enquêtes sur les activités anti-américaines, Schulberg n'a rien de spécial à perdre ou à gagner, mais il est pressé de tirer un trait sur son passé. Il devance la convocation de la HUAC et vient raconter son expérience du communisme à Hollywood avant de donner les noms de quinze anciens camarades :

  Réunion Blacklist (c) D.R.

"Les bonnes âmes d'Hollywood savaient qu'il se passait des choses affreuses dans le monde et qu'Hitler devenait de plus en plus fort. Les gens se sentaient un peu comme désœuvrés en train de regarder brûler Rome, et je crois que le Parti leur donnait le sentiment qu'ils faisaient quelque chose de sérieux et de socialement utile, pour compenser le gaspillage qu'ils faisaient de leur talent..."

Pour Schulberg comme pour Kazan, la dénonciation des communistes répond donc à une logique, une logique par laquelle ils soldent leurs comptes avec un mouvement humaniste dans lequel ils ont cru, et qui les a trompés, à une époque où le fascisme gagnait du terrain. Certes ils font le jeu d'une vague anti-libertaire, mais en 1950, il était peut-être plus honnête de se ranger sagement derrière Truman plutôt que de se présenter en martyr aux côtés de Staline



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1976
Le Dernier Nabab (The Last Tycoon) de Elia Kazan
1972 Les Visiteurs (The Visitors)  de Elia Kazan avec James Woods
1969 L'Arrangement (The Arrangement) de Elia Kazan
1963 America, America   de Elia Kazan avec Stathis Giallelis, Frank Wolff
1961 La Fievre dans le sang (Splendor in the Grass)
1960 Le Fleuve sauvage (Wild river) de Elia Kazan
1957 Un homme dans la foule (A Face in the crowd) de Elia Kazan
1956 La Poupée de chair (Baby Doll) de Elia Kazan avec Carroll Baker
1955 A l'Est d'Eden (East of Eden) de Elia Kazan avec James Dean
1954 Sur les quais (On the Waterfront) de Elia Kazan
1952 Viva Zapata ! de Elia Kazan avec Marlon Brando, Anthony Quinn 
1952 Man on a Tightrope de Elia Kazan avec Fredric March
1951 Un tramway nommé désir (A streetcar named desire)
1950 Panique dans la rue (Panic in the streets) de Elia Kazan
1949 Pinky de Elia Kazan avec Jeanne Crain, Ethel Barrymore
1947 Le Mur invisible (Gentleman's agreement)  de Elia Kazan
1947  Boomerang ! de Elia Kazan avec Dana Andrews, Jane Wyatt
1946  Le Maître de la prairie (The Sea of grass) de Elia Kazan
1945 Le Lys de Brooklyn (A tree grows in Brooklyn) de Elia Kazan