Face à son destin. La
compromission comme moindre mal.
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Kazan perd beaucoup d'amis. Parmi eux Arthur
Miller à qui il avait présenté Marilyn Monroe, sa maîtresse
à l'époque. Kazan se rappelle comment il lui a décrit l'état
d'esprit dans lequel il a pris sa décision :
« J'ai dit que je détestais les communistes depuis
plusieurs années et que je ne me voyais pas abandonner ma
carrière pour les défendre. Est-ce que je faisais un sacrifice
pour quelque chose en quoi j'ai cru ? »
Kazan a donné des noms et c'est tout ce dont on veut se souvenir,
mais à l'époque, il a surtout perdu des amis après avoir acheté
une pleine page dans le New York Times pour expliquer ses
raisons et appeler à la délation au nom du patriotisme. Lorsque
Sur les Quais rafle huit Oscars en 1955 (dont le deuxième
à titre personnel en tant que meilleur réalisateur), ses détracteurs
sont confortés dans leur vision que Kazan a vendu son âme
pour sa piscine. Le film, scénarisé par Budd Schulberg, autre
délateur et ancien membre du Parti, suit en effet Marlon Brando
qui finit par dénoncer amis et ennemis dans le cadre d'une
enquête sur la corruption des syndicats de dockers.
La carrière de Kazan est sauvée.
« D'un seul coup plus personne ne se souciait de mes
convictions politiques, ou de savoir si mes histoires étaient
difficiles ou prêtaient à controverse. Après Sur les Quais
j'ai pu faire tout ce que je voulais. C'est ça Hollywood »
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Pour lui le cauchemar est terminé et l’on
sait quels grands films il a pu faire par la suite. Ce qu'on
ne sait pas c'est quelles carrières ont pu être brisées directement
par sa faute... mais avant de juger Kazan, il nous manque
simplement de pouvoir nous mettre à sa place, de faire face
à un dilemme qui nous engage pour le reste de notre vie et
surtout sans pouvoir tergiverser avec de grands principes
moraux. C'est ce que dit Warren Beatty pour défendre celui
qui l'a propulsé au rang de star en 1961, dix ans après Marlon
Brando, avec La Fièvre dans le sang : « Même
si je peux penser comme vous qu'il a fait une erreur, ni vous
ni moi n'étions là à l'époque ».
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