Je vous propose
d’accepter l’expérience que ce film vous proposera, qui se
situe à la lisière et même en marge des différents genres
cinématographiques. Ce film vous réserve des surprises,
qui sont, à la différence d’autres films, inattendues, et
non pas convenues par avance et prévisibles.
Prenez ce film aussi comme un document à caractère historique,
qui dépeint une société française qui fut, et qui a depuis
évolué, fort heureusement, nous y reviendrons. Ainsi, certaines
ambiances datées, des détails avoisinant la caricature vous
renseigneront aussi sur des conventions qui ont cessé d’être,
notamment sur la question du rôle des femmes.
Intéressez-vous aussi à la plastique de l’image en noir et
blanc, ce qu’on appelle la photographie : le réalisateur
Georges Franju aurait pu faire le choix de faire son film
en couleur car ce procédé existe depuis les années 40 et commence
à se généraliser depuis le début des années 50. Quels effets
d’irréalité produit cette image très contrastée, quelles émotions
suscite-t-elle ? Comment le noir et blanc va transformer
notre perception des personnages, des lieux et des atmosphères ?
Essayez de retenir une ou deux images que vous jugez particulièrement
fortes et qui n’auraient pas eu cette force si elles avaient
été en couleur.
Enfin, savez-vous ce qu’est un plan en vue subjective ?
Il s’agit d’une image qui donne l’impression d’être la vision
directe d’un personnage.
Nous comme mis à sa place et voyons par ces yeux, comme dans
ces jeux vidéo où l’on voit une main au premier plan et où
l’on dirige un personnage comme si nous étions dans sa peau.
Donc la vue subjective est une image du film qui est attribuable
à l’un des protagonistes parce qu’elle montre exactement ce
qu’il est censé voir. Autrement dit, si une image correspond
au point de vue qu’est susceptible d’avoir un des personnages,
c’est un plan subjectif.
Dans ce film, plusieurs images subjectives influencent fortement
la façon de ressentir le déroulement de l’action. Je vous
propose d’essayer de les repérer : ceux qui trouveront
ces images auront gagné… le droit de faire partager leur trouvaille
à leur camarade quand les lumières de salle reviendront. Mais
maintenant, place à l’œuvre de Monsieur Franju, alors qu’à
notre tour, nous allons devenir des yeux sans visage … face
à l’écran. »
Ces préliminaires ne sont pas toujours développés dans
leur intégralité, et il va de soi que ces propos doivent surtout
insuffler une certaine vivacité et prédisposition à scruter
avec vigilance le film.
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