Spectateur consommateur
ou spectateur avisé
« Combien de film avez-vous vu au cinéma ? A
la télévision ?
Et dans votre vie, d’après vous, à combien de film serons
nous chacun exposé ? Quelques milliers, oui, effectivement.
Par le plaisir que nous avons en les regardant et la facilité
d’accès des œuvres, à la télévision, en vidéocassettes et
maintenant en DVD, il est certain que chacun d’entre nous
aura milles occasion de "se faire un bon film",
entre amis ou en famille.
Mais alors, je vous le demande, qu’est-ce que l’on fait de
cette incroyable trésor d’histoires et d’images qui nous traverserons,
qu’en retiendra-t-on ?
Pour résumer, je pense pour ma part qu’il y a deux attitudes possibles
: à vous de choisir l’option qui vous convient le mieux.
Soit vous prenez chaque film comme un doux et plaisant massage
du cerveau, une sorte de chewing-gum des yeux qui détend et
permet de se changer les idées à bon compte. Dans ce cas,
un film en chasse un autre, puisqu’il s’agit de "se laver
la tête" et que l’effet dure peu de temps. Vous aurez
vu des milliers de films, qui se succèdent et s’annulent les
uns les autres, mais après tout, ce n’est déjà pas si mal.
Deuxième option : soit vous prenez chaque film comme
un potentiel électrochoc, une décharge d’image capable de
vous remuer profondément, de changer votre conception du monde,
de la vie et de vous-même. Car rencontrer un film, c’est aussi
une occasion de se rencontrer soi-même : les émotions
ressenties, les souvenirs personnels qui refont surface, les
irritations ou envies qui nous prennent nous aident à mieux
nous connaître, à mieux comprendre à quoi nous sommes sensibles.
C’est aussi une rencontre avec le cinéaste qui a choisi de
vous montrer une vision particulière du monde, qui a été mûrement
réfléchie. Bien sûr, tous les films ne nous touchent pas et
beaucoup nous laissent indifférents. Quand bien même, dans
ce cas, ils nous délivrent une foule d’information, nous offrent
à découvrir des situations banales ou extraordinaires, mises
en scène. Certaines scènes de film nous serons d’un précieux
secours pour nous conduire dans notre vie de tous les jours.
Elles fournissent une réserve de référence pour se faire une
idée de groupes sociaux que nous ne fréquenterons jamais,
pour pouvoir être familier de cultures éloignées de la notre,
ou proches mais ignorées. Pour ma part, j’ai choisi cette
seconde démarche, ce qui fait qu’aujourd’hui je suis devant
vous. »
Pourquoi parler ensemble du
film ? Liberté et droit de savoir
« Nous en venons à exposer les raison du travail que
nécessite tout film ou auquel il peut donner lieu.
Pourquoi sommes-nous en droit et même en devoir d’interroger
et de passer au crible un film, alors que le regarder suffirait,
si on s’en tient aux avantages que je viens de présenter ?
C’est là où les choses se corsent et deviennent encore plus
intéressantes.
D’abord, il faut savoir que dans un film de fiction, chaque
détail, chaque élément, chaque point de vue et mouvement de
caméra a été choisi et ne doit rien au hasard. Nous sommes
pris dans l’illusion que tout est naturel, mais en fait, tout,
même le plus évident, a été fabriqué, soit en studio, soit
en décor naturel où la lumière, les prises de vue transforment
les lieux en représentation filmique.
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