PARTIE II - MODALITES
DE PRESENTATION DE LA SEANCE DE VISIONNAGE ET DU TRAVAIL COLLECTIF
Sur le principe même d’une interrogation portant sur les films
de fiction
La reprise partielle des questions jusqu’ici examinées
permettra au lecteur de se faire une idée précise de la façon
dont ces remarques préliminaires d’ordre général peuvent déboucher
sur un propos clair, capable de renforcer très notablement
le niveau d’attention envers le film.
Après quelques interventions qui abordaient trop directement
le film, la mise en place de cette introduction a permis de
faire très nettement diminuer les bavardages et les attitudes
dissipées pendant la projection. Les lycéens se sentirent
plus en phase et concernés par la séance et se prêtèrent plus
volontiers à la discussion qui suivie, notamment en prenant
appui sur les quelques jeux de piste lancés en fin de présentation
à propos du film (les images en noir et blanc et les vues
subjectives).
Sont livrés ici les propos tenus pour mettre en tension l’assistance
avant la projection du film et favoriser une réception active.
La remise en cause de l’évidence de la situation participe
de cette visée. Face à deux ou trois classes qui admettent
bien volontiers qu’une personne est chargée de leur fournir
de plus amples explications sur le film, il a été nécessaire
de reprendre cette proposition pour la leur faire partager,
autrement et davantage du point de vue de leur intérêt particulier
de spectateur cherchant à être clairvoyant. La forme à chaque
fois différente et adaptée correspondait sur le fond aux points
qui vont suivre.
Voir ou regarder
« Que faisons nous ici, dans ce lieu si particulier ?
Bien sûr, nous sommes au cinéma et allons voir ensemble un
film. Mais, non seulement nous allons le voir, mais nous allons
aussi tenter de le regarder. Quelle différence faire entre
voir et regarder ? Au contraire de la vision, qui nous
est donnée dès la naissance et nous a permis de découvrir
des couleurs indistinctes et des formes un peu floues, le
regard lui se construit, s’aiguise et peut devenir un formidable
outil de connaissance. Autrement dit, la vision est passive
et le regard est actif. C’est un peu comme la distinction
que l’on fait dans le langage courant entre entendre et écouter.
M’as-tu écouté ( sous-entendu espionné) ? Non, j’ai juste
entendu ( sans le vouloir, j’ai perçu ce que tu disais) ?
Nous sommes donc ici pour affûter notre capacité à regarder
et à comprendre comment sont assemblées ces apparences qui
défilent à l’écran et nous transportent dans des histoires
et des mondes si variés, avec une facilité surprenante. »
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