A ce point de l’intervention, les
élèves disposaient de tous les éléments pour répondre à
la question de savoir si Depardon prenait position pour
les prévenus, pour les juges ou s’il ne prenait pas position
du tout. Tout en leur laissant la liberté de penser ce qu’ils
voulaient là-dessus, nous souhaitions les amener à argumenter
leur position et à tenir compte du fait que le documentariste
avait forcément une intention (même si celle-ci pouvait
différer suivant les interprètes). Après avoir fait un tour
des avis, nous donnions les raisons pour lesquelles il nous
semblait que Depardon était du côté de l’institution (en
précisant qu’ils n’étaient pas obligés d’y adhérer et qu’une
des grandes forces du film était de permettre la discussion
là-dessus, le film donnant il est vrai la parole aux prévenus).
Pour finir l’analyse, nous avons proposé aux élèves une
esquisse de réflexion (à titre d’initiation de ce que peut
être une mise en abîme d’un problème de société à partir
d’un film), sur le rapport entre le cinéma documentaire
et l’institution (avec la tradition Wiseman, Philibert etc.).
Parallèlement, nous avons ouvert le sujet en rappelant l’existence
de travaux de sociologues (Bourdieu) et de philosophes (Foucault)
sur le contrôle social (le but ici n’étant pas de les effrayer
avec des références qu’ils ne connaissent pas, mais de montrer
que réfléchir sur un film ne consistait pas simplement à
compter le nombre de plans d’une séquence, mais bien à dégager
un sens, lequel s’insérait dans des problèmes philosophiques
plus larges).
Débat
La fin de séance était réservée aux questions des élèves
(sur le film, mais aussi sur le cinéma en général) et à
un exposé sur la pratique du cinéma. Pour les mettre à l’aise
et rompre avec les efforts théoriques exigés par l’analyse,
nous avons eu soin de détailler les étapes d’élaboration
d’un film documentaire, les rapports du documentaire à la
télévision, et de donner des détails sur la manière de tenir
une perche par exemple. En fonction des questions posées
à ce moment là, ou à partir de celles qui avaient été posées
au cours de la séance, nous développions un point plutôt
qu’un autre.
Sur le documentaire
Jean Breschant, Le documentaire, Cahiers
du Cinéma, Paris, 2000
François Niney, l’Epreuve du réel, Essai sur
le principe de réalité documentaire, De Boeck
Université, Bruxelles, 2000 Filmer le réel. Ressources sur le cinéma documentaire,
Bibliothèque du Film, Paris, 2001
Guy Gauthier, Le documentaire, un autre cinéma,
Nathan Université, Paris, 1995
Sur Raymond
Depardon Raymond Depardon et Frédéric Sabouraud, Depardon/Cinéma,
Cahiers du Cinéma, Paris, 1993
Articles et entretiens Les Cahiers du Cinéma : décembre 1979,
n° 306 ; été 1981 n°326 ; février 1993
n°464 ; octobre 1994 n°484 Positif : mars 1988 n°325 ; octobre
1996 n°428 La revue du cinéma, octobre 1994 n°91 Cinéma, été 1981, n°271/272 Cinématographe, juin 1983, n°90
Quelques ouvrages
du photographe Errances de Raymond Depardon, Seuil,
Paris, 2000
Raymond Depardon, collection « Photopoche »,
Paris, 1999
Raymond Depardon et Michel Butel, Voyages,
Hazan, Paris, 1998 La Ferme du Garet, Editions Carré, Paris,
1996
Raymond Depardon, En Afrique, Seuil, Paris,
1996