(...) " On peut faire un film sans connaître
les gens qu'on filme, du moment qu'on est dans une sorte
de justesse mentale et physique par rapport au monde. Je
suis opposée à l'idée qu'il faut avoir
une grande relation avec les gens, comme s'il fallait expier
la culpabilité de faire un film avec eux, où
je ne sais quoi ; avec de l'investissement...ça peut
marcher, ça peut correspondre à ce qu'on est...C'est
comme la peinture, on peut faire des esquisses, de l'aquarelle,
des fresques, etc...mais il n'y a pas de loi qui dit qu'il
faut faire comme ça et pas autrement...Il y a mille
manières. On peut au contraire avoir une relation
ancienne avec quelqu'un qui empêche de faire le film.
Mais d'une manière ou d'une autre, c'est à
dire en passant du temps avec quelqu'un ou en étant
juste avec lui, le film dit la vérité du rapport
qu'on a avec ce que l'on filme. C'est ce qui est le plus
dur au cinéma, c'est que ça dit ce qu'on est
à ce moment-là, avec ce sujet-là. Si
c'est profond et élaboré, le film l'est également.
"
(...) " Je commence un peu à
comprendre maintenant comment faire un documentaire, mais
ça a été vraiment difficile pour moi
de faire ces films-là. La différence, c'est
soi et le monde... J'imaginerai très bien faire un
documentaire avec presque n'importe quoi, n'importe qui
serait d'accord. On filme toujours le rapport qu'on a avec
cette chose ou cette personne. C'est plus ou moins intéressant
ou heureux à faire, etc...Il y a tellement de choses
autour de moi...C'est tellement fort et immédiat...Pour
avoir une force équivalente dans la fiction, je ne
sais pas ce qu'il faut réellement.
(...) Ce qui est dur dans la fiction, c'est
qu'on fait surgir quelque chose de soi. Ce qui est douloureux,
ce qui nous coûte, c'est qu'on descend à la
mine dans son propre inconscient, dans cette histoire, pour
en extraire quelque chose qu'il faut en plus organiser de
manière dramatique. S'oublier et laisser la place
à l'autre, c'est plus facile pour moi, d'une certaine
façon. Quand j'essaye de faire de la fiction, je
me sens pauvre par rapport aux autres. Ce qui manque au
film documentaire, c'est un récit dramatique. C'est
d'ailleurs ce qui est très réussi dans le
film de Claire Simon (" Coûte que Coûte
", ndlr) : il y a un récit de fiction. Mais
ça ne peut arriver que dans certains sujets particuliers,
où quelque chose d'inattendu va se développer.
Dans le film de fiction, j'aime la catharsis. Le rêve,
c'est de faire ce qu'un cinéaste comme Pialat arrive
à faire, arriver à faire un film qui ait une
organisation dramatique de récit, avec ces espèces
de bouts de chair, qui nous stupéfient de vérité.
"
(...) " L'année dernière
j'ai fait un film avec un caméscope, j'ai commencé
à le monter. J'ai eu le désir de filmer ma
vie, je me suis perdue puis retrouvée, mais c'est
bien de faire quelque chose qui vous empoigne... Je sens
que le film de fiction que je suis en train d'écrire
correspond à quelque chose de vrai pour moi. C'est
éprouver le désir de faire quelque chose.
Cela peut prendre un chemin ou un autre. Mais le rêve
est de faire un documentaire ou un film de fiction qui soit
aussi inattendu et gorgé de vie qu'un film documentaire.
"
(...) " Il faudrait trouver aujourd'hui
un financement pour les films documentaires qui soit libre
de la télévision. Aujourd'hui le seul financement,
ce sont des circuits de financements associés à
la télévision, et ça enlève
de la liberté et surtout de la pluralité.
"
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2001 Le Lait
de la tendresse humaine
1999
Nadia et les hippopotames
1997
Demain et encore demain
1996
L'autre côté de la mer
1994
Une poste a La Courneuve
1993
Rejane dans la tour
1993
Reves de ville
1992
Chronique d'une banlieue ordinaire
1992
Rester là-bas
1985
L'air d'aimer |
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