PIERRE
SALVADORI " Le style du film,
c'est sa langue "
Entretien
réalisé en janvier 1996
par Bernard PAYEN
En trois longs métrages, Pierre
Salvadori s'est imposé comme un jeune cinéaste
cinéphile, la trentaine avenante, au goût prononcé
pour le mélange des genres. Il est passé de
l'humour noir et cassant (Cible émouvante) à
la chronique intimiste et hilarante (Les Apprentis),
aboutissant (provisoirement) en avril 1998 au film mélancolique
et burlesque ( ...Comme elle respire).
En janvier 1996, un mois après la sortie en salle des
Apprentis, nous avions ardemment discuté cinéma.
Pierre Salvadori : Je
dis toujours que je ne fais pas un film pour les entrées
mais pour le public. J'écris en pensant à une
salle. J'ai toujours conscience qu'un film est quelque chose
de projeté. Cela me paraît intrinsèque
à l'écriture. On a un stylo, un papier, un scénario,
un bureau et l'idée qu'un film est un objet regardé.
Quand on lit le Hitchcock - Truffaut, tu t'aperçois
qu'ils ont toujours en tête l'idée qu'un film
va être regardé. Quand j'écris, je me
pose des problèmes de style, de sujet, de dramaturgie,
de sens, mais je n'oublie jamais que je raconte une histoire
à des gens. Je ne me suis jamais demandé ce
qui allait plaire au public, je me suis demandé de
quoi je voulais parler et de la manière de le rendre
universel : comment faire de quelque chose de personnel quelque
chose d'" universel ", en toute modestie !
Ensuite ça marche ou non.
PARCOURS
Pierre Salvadori : J'ai écrit
quelques sitcoms, 123 sketches pour la télé,
j'ai vraiment fait ce travail d'écriture populaire
pour des émissions de télé populaires
de grande écoute, etc... mais je n'aimais pas toujours
ça. Je gagnais ma vie avec ça, même si
à un moment j'ai pu avoir les mêmes angoisses
que le personnage d'Antoine dans Les Apprentis. Mais
ce n'est pas autobiographique parce qu'il y a aussi de moi
dans le personnage de Fred... Ce n'est pas intéressant
de se poser la question de savoir si un film est autobiographique
ou non. Le plus intéressant, c'est de savoir comment
est fait un film, son style : ce n'est pas de savoir
d'où viennent les idées qui est intéressant,
c'est leur traitement qui l'est.