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Goran Paskaljevic (c) D.R. GORAN PASKALJEVIC
Réalisateur
Propos recueillis le 3 juillet, à La Rochelle
Par Bernard Payen et Julien CHASTANG


Goran Paskaljevic est né à Belgrade (1947) et a fait ses études à la FAMU Film School de Prague. Il a réalisé une trentaine de documentaires et 12 longs métrages dont beaucoup ont été présentés et récompensés dans de nombreux festivals internationaux de renom. La montée du nationalisme en Yougoslavie l'a contraint à quitter son pays en 1992. Il s'installe à Paris en 1994, tout en faisant de nombreux allers et retours dans son pays d'origine pour garder le contact avec sa famille. En 1998, il y retourna pour tourner Baril de Poudre, mais son opposition ouverte au régime de Milosevic lui valut des critiques violentes et menaçantes de la presse officielle.


Objectif Cinéma : Un de vos films présentés à la Rochelle m'a beaucoup intéressé, C'est le chien qui aimait les trains...

Goran Paskaljevic : J'ai toujours eu des problèmes pour financer mes films : c'est pour cela que je ne les revois jamais. Je regrette toujours de ne pas avoir fait mieux, de ne pas avoir fait plus. Je reste très critique sur mon travail. Mais le chien qui aimait les trains ma été inspiré par un vrai personnage de cow-boy. Je suis parti de son univers (sa camionnette, ses chevaux...) et c'est devenu ensuite une toute autre histoire. C'est un film assez noir...


  Baril de poudre (c) D.R.

Objectif cinéma : Oui, en même temps, il y a une très grande liberté de filmer qui est assez jouissive...

Goran Paskaljevic : Le film a été fait en 1977. Mon premier film était un court métrage de 20 minutes, en 16 mm, réalisé pour la télévision de Belgrade ; le thème était le même que celui de la ballade de Narayama d'Immamura. La liberté venait de la jeunesse. Avec mon directeur photo, on avait décidé de faire un film avec le moins de contraintes possibles, le plus simple possible, sans faire de champs/contre champs etc... Je ne pouvais pas amener ce film ici car je ne dispose que d'une seule copie en très mauvais état.

Très souvent les premiers films des metteurs en scène sont plus frais que les suivants, parce que vous devenez ensuite de plus en plus esclave de votre propre travail ou de votre propre style, et vous commencez à vous répéter. Cela arrive à tout les réalisateurs. C'est pourquoi j'aime faire des films différents. Je retrouve quand même les thèmes des vieilles personnes, des sans-espoirs : c'est le monde qui m'intéresse. Mais j'essaye de trouver à chaque fois des scénarios avec des points de vue différents. Quand vous voyez les dix films que j'ai faits, vous vous apercevez quand même que c'est la même personne qui les a faites. Mais ils sont différents dans le style. Pour moi, la forme et le style, viennent toujours après. Je me suis toujours d'abord préoccupé des êtres humains dans l'histoire et qui va les incarner. Je n'étudie jamais beaucoup la scène avant le tournage proprement dit. J'ai une vague idée de ce à quoi la scène va ressembler mais je laisse une très grande liberté aux acteurs. Je leur demande comment ils sentent la scène. On travaille vraiment ensemble comme si on recréait un petit morceau de réalité. Au moment où j'ai l'impression que les acteurs sont au point, qu'il y a une véritable spontanéité, je travaille avec mon directeur de la photo. Certains de mes films sont très découpés, d'autres sont composés de plans séquences; tout dépend comment je sens le film. C'est nécessaire d'être libre pendant le tournage. C'est là où les idées sont les plus belles; d'un autre côté, les producteurs ne vous donnent pas forcément l'opportunité de changer des choses. C'est une lutte contre le temps. Il n'y a que quelques metteurs en scène dans le monde qui ont le temps de faire ce qu'ils veulent sur un tournage...