Objectif Cinéma : Quelles
sont par ailleurs les uvres qui vous touchent particulièrement
?
Juraj Jakubisko : J'aime
bien les films de Jean Vigo, de Bresson, de Godard, de Pudovkin
et de Welles ; plus récemment, j'ai beaucoup apprécié
ceux de David Lynch. Dans les années 60, on m'appelait
le Fellini tchèque; pour ma part, j'aime bien Fellini
mais je préfère les films d'Antonioni. J'aime
aussi beaucoup Paradjanov, c'est un très grand cinéaste.
Objectif Cinéma : Mes
dernières questions concernent le montage dans vos
films. J'en ai rarement vu d'aussi brillants et inventifs.
Vous créez sans cesse des ellipses d'une grande poésie...
Juraj Jakubisko : A
mon sens, la question de l'ellipse renvoie aux films d'étudiants.
Les premiers films devraient tous être construits
sur des ellipses; les ellipses favorisent l'imagination
du spectateur : entre deux plans, c'est à lui d'imaginer
ce qui a pu se passer... Mon travail sur l'ellipse remonte
à l'époque où j'étais étudiant
à la FAMU, l'école du cinéma tchèque.
A l'époque de la nouvelle vague tchèque, il
y avait une vraie effervescence...ce n'est pas tellement
l'école en elle-même qui est utile mais l'ambiance
générale, l'émulation, le fait d'être
avec de jeunes gens qui rêvent de films nouveaux...
A l'époque, nous avons été inspirés
par Godard, par Antonioni, mais aucun de nous n'a copié,
chacun a cherché son propre style...
Objectif Cinéma : Qu'en
est-il du cinéma tchèque aujourd'hui ?
Juraj Jakubisko :
L'ambiance générale est donnée par
le contexte politique actuel. A l'époque où
je suis entré à la FAMU, l'école était
gratuite, le recrutement se faisait sur concours, il y avait
des centaines de candidats. Nous tournions en super 8 au
début, et je me rappelle que nous étions obligés
de bricoler ; pour développer les pellicules nous-mêmes,
nous avions trouvé un ingénieux système
: nous l'enroulions dans les dents d'un peigne en faisant
des dizaines de tours, puis la plongions dans le révélateur...
Il y avait de gros problèmes de synchro car le son
ne pouvait être imprimé sur le positif...
Aujourd'hui, les choses sont très
différentes. Je le sais car j'enseigne à la
FAMU. Les études sont désormais payantes,
il y a beaucoup moins de candidats. Tous viennent de milieux
aisés et possèdent du matériel vidéo.
Tous les élèves veulent devenir réalisateurs.
C'est une école de haut niveau mais l'esprit a changé.
Chaque année, les documentaires ou les courts métrages
de fiction présentés par l'école remportent
des prix. Le département Photographie est d'un très
bon niveau.
Après la révolution
de velours, les films sont devenus de plus en plus mauvais...
Tout le monde pensait que la liberté nouvelle allait
résoudre tous les problèmes ; mais plus personne
n'avait rien d'intéressant à dire : de nombreux
films de l'époque sont des allégories vides
de sens et maniérées. Fort heureusement, cette
période est révolue. La nouvelle génération
semble assez prometteuse.
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1967 Les Années du Christ
1969 Déserteurs
et nomades 1969
Les Oiseaux, les orphelins et les fous
1970/90 Au Revoir
en enfer, les amis 1979
Construis une maison et plante un arbre !
1983 L'Abeille Millénaire
1985 Perinbaba
1989 Assis sur
ma branche, je suis bien 1992
Mieux vaut être riche et en bonne santé
que pauvre et malade 1997
Un Message ambigu sur la fin du monde
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