Objectif cinéma :
La femme joue-t-elle le rôle
essentiel au cur de cette contradiction ? Duale, elle
est Moudan/Meimei, fausse femme d'une histoire vraie, vraie
femme d'une fausse histoire ?
Lou Yee :
Lorsque l'on filme ou photographie quelqu'un, d'une certaine
manière on le dérange, il ne sera pas "
naturel " et on ne pourra guère accéder
à sa vérité. Il y aura toujours un
écart entre ce qu'elle nous montre et ce qu'elle
peut être. Mais ce la n'a rien à voir avec
notre situation actuelle ! ( Lou Yee regarde la caméra
vidéo filmant l'entretien et éclate de rire).
Bon, il faut admettre que la caméra filme à
notre insu ; elle saura toujours nous capter. C'est un peu
mon cas dans le film, au début, lorsque je m'avance
dans la rue avec ma caméra. Je tente de capter l'autre.
Dans " Suzhou River ", la passion amoureuse de
Mardar pour cette femme double reprend à son compte
toutes les incertitudes du film. Au moment où il
éprouve des sentiments pour Moudan, elle n'est plus
là. Il ne réussit pas à la saisir,
son réel lui échappe. L'amour est précaire
et c'est ce dont j'ai voulu témoigner dans mon film.
Objectif cinéma : Combien
de temps vous a pris le tournage et le montage ? Le montage
financier a-t-il été éprouvant ?
Lou Yee : Le
tournage a duré un peu plus d'un mois. Il s'est passé
sans trop de problèmes. En revanche le montage fut
plus difficile en raison de soucis financiers. Il s'est
écoulé quatre à cinq mois entre les
deux périodes de montage.
Objectif cinéma :
Quels sont vos projets ?
Lou Yee : Je
suis en train de tourner un film en digital où je
filme au jour le jour la vie d'un personnage. Il est très
difficile d'y décerner une fiction. Mais je pense
qu'un jour je ferais un film qui sera une vraie fiction.
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2000 Suzhou
River
1995
Zhou mo qing ren |
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