BARBET
SCHROEDER
ET FERNANDO VALLEJO Réalisateur et scénariste
de La vierge des Tueurs
Entretien
réalisé au cinéma UGC
de Bordeaux, le 15 septembre 2000
Par Roland KERMAREC
L'écrivain Fernando Vallejo
est né en 1942 à Medellin. Il a étudié
la philosophie et les lettres à Bogota, puis la réalisation
cinématographique à Rome. Il a écrit plusieurs
scénarios et réalisé trois films à
Mexico dans les années 70, où il vit actuellement.
Son dernier roman, La vierge des tueurs, a été
publié en France aux éditions Belfond et adapté
à l'écran par Barbet Schroeder. Il y joue son
propre rôle.
Barbet Schroeder lui, est né en
1941 à Téhéran. Il a commencé
sa carrière aux Cahiers du cinéma et à
L'Air de Paris puis fut assistant de Godard sur Les Carabiniers.
Il a réalisé quelques courts métrages
avant de fonder Les Films du Losange, société
de production et distribution avec laquelle il produit les
deux premiers Contes moraux d'Eric Rohmer : La boulangère
de Monceau (dont il tient aussi le rôle principal) et
La carrière de Suzanne.
En 1969, il réalise son premier long métrage,
More, devenue culte et, a la fin des années 70, il
quitte la France pour réalisé ses films aux
Etats-Unis, notamment Barfly, Kiss of Death et Le mystère
Von Bülow. Son dernier film, La vierge des Tueurs, est
basé sur le roman éponyme de Fernando Vallejo.
Objectif Cinéma :Comment
s'est passé et comment s'est construit ce triple rôle
d'écrivain, d'adaptateur pour le cinéma et de
personnage central du film ?
Fernando Vallejo : J'ai
dû, d'abord, faire une adaptation de moi-même
au roman, et puis du roman au cinéma. Le roman et le
cinéma ont deux langages très différents,
et je le sais bien parce qu'avant de devenir écrivain,
j'ai voulu faire des films : j'ai réalisé trois
films, dont j'avais écrit les scénarios et dont
j'étais réalisateur
Est-ce que vous ne trouvez pas que cette
réalité de la Colombie est un peu malsaine ?
Est-ce que vous pouvez la comprendre ? Je n'ai jamais réussi
à comprendre la réalité de mon pays.
Ce que je sais très clairement, c'est qu'en Colombie,
l'état a disparu : nous sommes un pays de lois, comme
la France, mais les lois ne peuvent pas s'accomplir. L'état
a disparu, et nous nous sommes retrouvés avec la loi
de la jungle. C'est pour ça que vous ne voyez jamais
dans ce film de policiers, sauf dans la morgue où l'on
voit des fonctionnaires de police, mais ils servent seulement
à recueillir des cadavres.
Objectif Cinéma :Quelle
est l'urgence qui vous a poussé à partir à
la découverte de la Colombie, est-ce que c'est la rencontre
avec l'écrivain, la rencontre avec le pays ?
Barbet Schroeder :La
première chose a été de découvrir
les livres de Fernando, je les ai tous lus les uns après
les autres, et bien sûr ça résonnait
particulièrement pour moi puisque la Colombie, c'est
le pays de mon enfance. J'y suis retourné souvent,
et donc j'ai décidé de faire comme j'avais
fait avec Bukowski pour Barfly, c'est-à-dire
de le rencontrer et de lui demander si on ne pouvait pas
faire un film ensemble et essayer de voir ce qu'on pourrait
faire. C'est comme ça que le film est né.