Objectif Cinéma :
Un film de fiction ?
Jérôme De Missolz :
Oui, c'est un film que je vais faire
pour Arte, pour Pierre Chevalier, sur un scénario
original cette fois-ci. Il s'agit de voir comment on peut
intriquer la musique dans un film, et faire qu'elle devienne
un élément narratif à part entière
sans que ça devienne la énième histoire
d'un groupe de rock'n roll. Comment d'un point de vue purement
réceptif (et le sens que ça prend dans la
vie des gens), ça peut être un constituant
extrêmement fort dans la manière dont quelques
fois on est lié à son intime et souvent sans
savoir vraiment pourquoi ça fonctionne. Ce qui nous
tient debout et permet des résistances à tout
ce monde autour de la consommation, de la culture de masse
qui essaie de nous absorber.
Objectif Cinéma :
Pour finir, une question tortueuse. En faisant ce film,
vous aviez des intentions bien nettes (mise à plat
du texte, conservation de la polyphonie, recherche de formes
via l'expérimentation), y êtes-vous arrivé
?
Jérôme De Missolz :
Non.
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Objectif Cinéma : Non
?
Jérôme De Missolz :
Non, j'ai le sentiment que
c'est
enfin, je suis assez fier d'être arrivé
à faire ce film et qu'on arrive au bout, parce que
c'est vrai que c'est un pari difficile dans le côté
abrasif, normatif du cinéma d'aujourd'hui. C'est
un film extrêmement dur à produire, c'est une
démarche de quatre années entre la difficulté
de négocier les droits, le montage financier, on
est encore à un degré risque énorme
au moment de la sortie du film. Donc, je suis assez respectueux
du travail fait et des gens qui ont participé à
cette aventure. A ce degré d'expérimentation
où le film est arrivé, je pense qu'on n'a
pas à avoir honte. Maintenant, j'ai le sentiment
d'avoir ouvert des portes, il y a des choses que j'ai résolues
je ne prétends pas avoir fait l'uvre parfaite
et géniale, en revanche j'ai le sentiment d'avoir
fait une vraie proposition de cinéma, différent
du cinéma dominant, et en même temps un cinéma
qui peut trouver sa place et une reconnaissance auprès
d'un public qui n'est pas un public spécialisé.
Je l'ai vérifié dans les différentes
projections que j'ai faites en province depuis 15 jours.
On se rend compte qu'il ne laisse personne indifférent,
qu'il suscite tous types de passions, qu'elles soient dans
l'incompréhension totale ou dans l'émerveillement
et la joie et la bonne humeur, on a tout un prisme de réactions
qui fait que manifestement on brasse quelque chose qui est
de l'ordre de celles suscitées par le livre effectivement.