Entretien
réalisé à Agen
le 22 septembre 2000
Par Roland KERMAREC
A l'occasion d'une soirée
spéciale Cuba organisée par le ciné-club
" Les Montreurs d'Images " le 22 septembre à
Agen et qui comprenait également un concert d'un groupe
du cru dans une salle de la ville, Pascal Letellier a été
convié à venir s'exprimer à propos de
sa collaboration avec Karim Dridi. Crédité comme
" scénariste " dans le générique,
nous verrons qu'il a en fait plutôt tenu le rôle
de conseiller musical dans ce film au long cours. En ne tenant
pas compte de toutes les connotations péjoratives qu'une
telle expression comporte, nous pourrions dire que "
Cuba Feliz " est un " Buena Vista " du pauvre,
dans toutes les acceptions du terme : condamné à
être éternellement jugé et jaugé
à l'aune du film de Wim Wenders, le long métrage
de Karim Dridi n'a en effet pas bénéficié
d'un budget aussi confortable et, surtout, il a délaissé
les stars consacrées de la scène cubaine pour
braquer ses projecteurs sur des musiciens exclus de la reconnaissance
internationale et de la labellisation à tour de bras
par de grandes maisons de disques. La vedette de ce périple
à travers Cuba se nomme Miguel Del Morales, mais il
est essentiellement connu sous le surnom de " El Gallo
", un Coq emblématique de ces laissés-pour-compte
demeurés dans un quasi anonymat et dans l'ombre des
Compay Segundo et autres célèbrissimes et virevoltants
papys musiciens.
Objectif Cinéma :Vous
êtes sociologue de formation, comme l'indique le site
du film ? Quel a été votre parcours avant d'écrire
le scénario de Cuba Feliz ?
Pascal Letellier : Ça
remonte à très très loin. J'ai rencontré
quelqu'un qui s'appelait Jean Duvigneau, qui est sociologue,
écrivain, philosophe, et qui a d'ailleurs travaillé
aussi dans le cinéma : il a écrit un texte
qui s'appelait Remparts d'argile, et ça a donné
un film de Bertocelli. Il était plutôt dans
le domaine de la sociologie du spectacle, et on a bossé
ensemble. Donc, effectivement je peux dire que j'ai une
formation de sociologue, parce que j'ai suivi un séminaire
avec quelques personnes, on a travaillé comme ça
pendant cinq ans, mais je ne suis pas sociologue au sens
de faire des enquêtes pour la Sofres.
Objectif Cinéma :Cuba Feliz est le premier film dont
vous avez écrit le scénario, mais vous avez
participé à des documentaires auparavant.
Pascal Letellier :Oui,
et d'ailleurs au départ, Cuba Feliz devait être
un documentaire, et puis à l'arrivée c'est
un film musical.