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Richard Copans (c) D.R. RICHARD COPANS
" Mais surtout, j'étais son ami"
Entretien réalisé à Paris le 23 janvier 2001
Par Nicolas CHEMIN et Nadia MEFLAH


Robert Kramer, né à New York en 1939, fut un des réalisateurs les plus originaux du cinéma indépendant américain. Fort peu reconnu aux états Unis, il fut par contre compris en Europe et en France, où il a immigré à partir de 1980.

Décédé le 10 novembre 1999, c'est son amis et producteur Richard Copans avec qui nous entretenons à propos du dernier film du défunt réalisateur : Cités de la plaine.

Richard Copans est le président des Films d'Ici, société de production (vieille de douze ans), spécialisés dans les films documentaires haut de gamme, avec plus de 250 films en catalogue, dont un grand nombre ont été coproduits internationalement et récompensés dans de nombreux Festivals.



  Richard Copans (c) D.R.
Objectif Cinéma : Pouvez-vous brosser sommairement vos origines métissées..

Richard Copans : Mon arrière-grand-père et mon grand-père sont partis de Lituanie pour faire fortune en Amérique, puis mon père est venu en France avant-guerre pour épouser ma mère. Ils sont repartis à New York pour finalement revenir ici.. Je suis né à Paris en 1947 à l'hôpital américain et mon frère est né à New York à l'hôpital français. Nous avions tous les deux la double-nationalité. J'ai laissé tomber mon passeport américain au moment de la guerre du Viêt-nam: cela n'avait pas beaucoup de sens pour moi alors, ayant toujours vécu à Paris... Je me serais automatiquement porté déserteur.


Objectif Cinéma : Ce que vous dites se retrouve dans le cinéma de Robert Kramer, dans ses prises de position...

Richard Copans : On avait une différence d'âge. Mais c'est vrai que quand il est arrivé en France en 1979, nos chemins se sont croisés. Il était américain et militant, tout comme moi. On est devenus très amis et on a travaillé ensemble pendant 20 ans. J'ai d'abord été son opérateur sur ses premiers films en France [Guns, La Naissance, A toute allure, La Peur..., NDLR). A partir de Route One-USA (1989), je suis devenu aussi son producteur; Je suis resté son opérateur, mais surtout, j'étais son ami.


Robert Kramer (c) D.R.

Objectif Cinéma : Vous avez entretenu une relation assez profonde avec Robert Kramer. Est-ce que vous interveniez dans la création ?

Richard Copans : Je ne crois pas qu'il y ait la vie ET la création. Quand Robert travaillait avec quelqu'un, ami ou pas, il en attendait autre chose que son strict rôle professionnel. Il attendait un apport personnel qui pouvait très bien changer le film. Ce n'est pas pour autant qu'il était influençable. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'on faisait le film de Robert Kramer, mais il demandait à chacun d'être entier. La vie était toujours intéressante et nourrissait son cinéma : rencontrer des gens, découvrir de nouveaux territoires, vivre des expériences nouvelles... La mise en cinéma de tout ça est un processus qui n'appartenait qu'à lui. Il ne pouvait être que cinéaste, et simultanément s'interrogeait sur la valeur de son art: n'est-ce pas un peu dérisoire, d'être le militant résistant obstinément à la mondialisation, écrasé par les autres et entendu par très peu ? Robert ne jouait pas à l'artiste, mais il doutait de sa réception, tout simplement...