Objectif Cinéma :
Cités de la plaine
évoque, par les thèmes abordés et la
forme choisie, un autre immense cinéaste: Chris Marker
et notamment son Level Five...
Richard Copans : Robert
et Chris se connaissaient et évoluaient dans des
mondes parallèles. Il n'y a pas beaucoup de cinéastes
de cette trempe dans ces mondes-là... Abordant les
mêmes thèmes et se positionnant pareillement
vis à vis du cinéma, un peu extérieur,
en bricolant avec les mêmes outils... Il y a, c'est
sûr, des choses semblables, mais aussi d'énormes
différences. Marker était invité à
une projection mais il n'est pas venu. Ca ne veut pas dire
qu'il n'a pas vu le film depuis...
Objectif Cinéma :
Pour vous, producteur, le montage
financier d'un tel film a-t-il été périlleux
?
Richard Copans : On
a connu des difficultés financières considérables.
Le film n'a pourtant pas coûté cher : un peu
plus de 3 millions de francs... C'est très peu, mais
on a commencé le film avec 200 000 francs, et Robert
disait qu'on le finirait comme ça. Evidemment, tout
le monde disait " oui, Robert, on va le faire comme
ça..." en sachant que ça va coûter
beaucoup plus. Mais à un certain moment, il faut
quand même trouver les sous... Toutes les chaînes
de télé ont refusé de rentrer dans
le projet. L'école du Fresnoy de Tourcoing, la région
Nord-Pas de Calais, l'INA, la Fondation de France nous ont
permis de tenir en aidant le film. Au bout du film, on était
tout de même à moins 1 million... On a eu très
peur de perdre beaucoup d'argent, mais il n'était
pas question de ne pas finir le film. Au finale, le CNC
nous a accordé, unanimement séduit, une avance
sur recettes, mais sur film déjà tourné.
Globalement, on a équilibré le budget et payé
les factures. On n'a pas gagné un centime, bien sûr,
mais c'est déjà très bien comme ça.
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Objectif Cinéma : Quelles
raisons vous ont donné toutes les télés,
dont Arte, au refus d'aider un film de cette envergure artistique?
Richard Copans : Il
n'y a jamais vraiment d'argument, ils disent : "c'est
pas pour nous, allez voir Arte". Arte dit "C'est
pas pour nous, on sait pas où le mettre". L'unité
télévision d'Arte avait pourtant produit Route
One-USA, Berlin 10/90 et Point de Départ
parce que c'étaient des films de télévision...
Cités de la plaine, c'est du cinéma
et on change d'unité. Et l'unité cinéma
d'Arte dit "c'est pas pour nous , c'est trop compliqué,
pas assez de public..." Quand une chaîne vous
répond ça, vous êtes tiraillé
entre l'envie de leur donner raison, de dire "c'est
vrai que c'est pas pour vous et je vous emmerde", et
le besoin de récolter de l'argent pour finir le film
en étant un peu plus à l'aise.
Objectif Cinéma :
Comment vous placez-vous par rapport
au mouvement que suscite la mort de Robert Kramer ?
Richard Copans : Je
n'aime pas l'idée d'être la voix, le porteur
de tout son héritage. Je suis sollicité actuellement,
mais il y a aussi d'autres personnes, sa fille, les comédiens...
Je ne veux pas être mis dans ce rôle, par égard
pour les autres et par pudeur. L'amitié de Robert,
c'est quelque chose d'intime, et je me défends d'être
l'ami fidèle qui porte la mémoire du cinéaste
disparu. C'est différent lorsqu'il s'agit de projets
que Robert a initié. Il avait beaucoup travaillé
sur la rétrospective de son oeuvre qui va bientôt
se tenir. Il savait qu'elle suivrait la sortie de Cités
de la plaine et qu'elle coïnciderait avec les publications
de deux livres sur lui [un ouvrage de Bernard Eisenschitz
sur le cinéaste et un recueil de textes écrits
par des proches, coordonné par Eric Vatrican et Cedric
Venaille, NDLR].
Objectif Cinéma :
Quelle est votre actualité
propre ?
Richard Copans : J'ai
filmé une pièce d'Alexandre Ostrovski, Loups
et brebis, jouée dans un théâtre
russe par la troupe d'un metteur en scène formidable,
Piotr Fomenko. C'était il y a presque deux ans et
c'est diffusé la semaine prochaine sur Arte [mardi
30 janvier à 21h45, NDLR]. J'ai aussi réalisé
un film en Lituanie qui s'appelle Vilnius et qui
fait partie de la collection Voyages, voyages d'Arte.
Il entame un cycle de multidiffusion dès jeudi [25
janvier à 19h00, NDLR]. Je commence actuellement
un long-métrage documentaire, Racines, qui
se tournera en France, en Lituanie, sur un bateau... C'est
un thème classique : à la recherche de mes
racines. Mais à un certain moment, mes propres origines
m'ennuient et je préfère aller vers celles
des autres. Après, le film change et va plus loin
dans les risques cinématographiques : j'ai filmé
mon dentiste pendant deux ans, qui m'a remplacé mes
dents pour m'en implanter de fausses, des racines artificielles:
les thèmes se recoupent. Je devrais avoir fini le
montage cet été. On se reverra pour en reparler...
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2002 Le Bruit,
l'odeur et quelques étoiles
2001
Le Cinéma des cahiers
2000
Cités de la plaine
1999
Genet à Chatila
1999
Grands comme le monde
1996
Reprise
1996
Coûte que coûte
1995
mphy, capitale de la France
1994
Starting Place/Point de départ
1993
Coitado do Jorge
1992
Music for the Movies: Bernard Herrmann
1991
Arthur Rimbaud - Une biographie
1989
Route One USA
1984
Les Amants terribles
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