Objectif Cinéma : Il
s'est passé huit années avant que "De l'histoire
ancienne" votre premier long métrage, voit le
jour : à quels aléas le film a -t-il été
confronté ? Comment avez-vous géré tout
cela?
Orso Miret : J'ai
eu l'idée de faire une fiction autour de ce sujet en
1989. J'avais fait un documentaire sur les fusillés
du Mont Valérien, les différentes commémorations
, les monuments, le cimetière d'Ivry. J'avais réfléchi
sur ce qui restait de cet événement, la part
de manipulation et de récupération, ce qu'on
retenait de tout cela. Le documentaire était un peu
raté, et j'avais envie de retravailler sur le sujet
mais par l'intermédiaire d'une fiction. A l'époque
j'étais à la Femis et il me restait un court
film de fin d'études à faire : j'ai pensé
alors retravailler sur ce sujet. En commençant à
écrire, je me suis rapidement rendu compte qu'il était
impossible d'en faire un court métrage. J'ai donc fait
un autre court métrage qui s'appelait aussi "De
l'histoire ancienne", et parlait d'autre chose, sans
être sans rapport, car il traitait d'un personnage confronté
à un passé plus individuel, psychologique (la
vie d'une jeune femme qui avait survécu à une
tentative de suicide par défenestration et qui en avait
gardé des séquelles physiques et psychologiques
importantes). Elle était obligée de vivre avec
le souvenir de cet événement traumatique et
décidait de s'y confronter à nouveau. Après
la Femis, il a fallu que je travaille pour gagner ma vie et
cela a considérablement retardé l'écriture
du projet initial de "de l'histoire ancienne". En
même temps, des événements survenus dans
ma vie se sont ajoutés entre-temps. On arrive alors
en 1994, où j'avais à la fois ce projet-ci,
amorcé et inabouti, et le projet d'un court métrage,
"dans la forêt lointaine", que j'ai finalement
réalisé.
Objectif Cinéma : La
sortie de "La Sentinelle", produit aussi par Why
not productions, a sans doute dû aussi vous poser un
problème...
Orso Miret : Oui, ça
a aussi constitué un événement important
: en voyant "La sentinelle", je me suis découragé,
je pensais ne jamais y arriver. Après avoir réalisé
"dans la forêt lointaine", j'ai repris le
projet de "De l'histoire ancienne" imaginé
en 1994. "La Sentinelle" pesait d'autant plus
sur moi que j'avais réalisé "Dans la
forêt lointaine" chez Why not productions. Je
ne voulais pas accumuler les ressemblances avec Despleschin,
alors j'ai présenté le projet seul, sans production,
à l'Avance sur recettes, et je ne l'ai pas obtenu.