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Michale Boganim (c) D.R. MICHALE BOGANIM
Réalisatrice de Dust
Propos recueillis au
Festival Cinéma du Réel
Par Cyrille BENHAMOU


Michale boganim est née et a grandi Israël. Elle est venue à Paris pour faire des études anthropologie à la Sorbonne avant de repartir à l'université Hébaraïque de Jérusalem. Elle part ensuite à Londres à National film School (Royal College of ART), faire des études de cinéma en section réalisation.


  Dust (c) D.R.
Objectif Cinéma : Je suis étonné par son aboutissement, sa qualité esthétique pour un film de fin d'études. Vous faîtes preuve d'une grande sensibilité. J'aimerais que vous me racontiez succinctement l'histoire de ce projet. Qu'est-ce qui vous a amenée à aller filmer à Odessa ?

Michale Boganim : Je connaissais surtout Odessa par la littérature et par Isaac Babel, plus précisément, qui décrit dans Les Contes d'Odessa la communauté juive autour des années trente. Ce sont des histoires tout à fait fascinantes sur le quotidien des " petites gens " qui m'ont énormément touché. Ensuite ce fut un peu un hasard : quand j'étais à Londres, j'ai rencontré des gens qui s'intéressaient à la culture yiddish et notamment quelqu'un qui revenait d'Odessa, ça m'a tout de suite interpellée : je lui ai demandé le genre de personnes qu'il avait rencontrées et à partir de là je suis parti, j'ai fait un travail de recherche là-bas, je suis allé voir ce qui restait d'un des fleurons de la culture yiddish à l'époque.


Objectif Cinéma : Il y a une chose qui est marquante dans votre film et qui se démarque de la production moyenne qu'on peut voir à Cinéma du réel : il y a une réelle recherche sur le plan de la lumière, de l'espace, du traitement du temps filmique aussi. D'ailleurs, je me suis laissé penser qu'il y avait l'influence de Tarkovski là-dessous

Michale Boganim : C'est très juste. Tarkovski est quelqu'un qui m'a beaucoup influencée, qui m'influence toujours dans sa démarche esthétique, visuelle et aussi dans son approche métaphysique. Son approche est comme un acte de foi, cest ce qu'il dit un peu dans ses écrits. C'est vrai qu'il ma influencée surtout au niveau du temps. Chez Tarkovski, on ne sait jamais vraiment où se situe le présent et le passé. Dans Le Miroir, et Stalker, il y a comme une suspension du temps. C'est ce que j'ai voulu exprimer dans mon film, j'espère qu'on le retrouve en tout cas


Tarkovski (c) D.R.

Objectif Cinéma : On est plongé dans un univers tout à fait singulier quand on voit votre film, vous créez un espace-temps qui lui est propre, un espace cinémato-graphique cohérent. Et pour moi, c'est réussi !

Michale Boganim : Dans le film, il y a un style formel assez radical, la caméra est constamment en mouvement très lent, à aucun moment elle ne s'arrête. En fait, c'est pour inscrire ce mouvement dans le temps, un balancement, comme un balancier de pendule; en même temps j'ai voulu exprimer l'immobilité du temps. Il y a aussi des gens qui disparaissent du cadre, c'est la représentation d'un temps qui passe, d'une disparition.