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Objectif Cinéma :
Sergio est une figure humaine assez
violente.
Joao Pedro Rodrigues :
C'est comme un animal. Il ne sait
pas comment faire lorsqu'arrive le moment de parler avec
les autres. Il est ainsi obsédé par ce jeune
homme qu'il observe comme une proie. D'ailleurs, il l'attrape
avec violence. Il ne sait pas faire autrement, il communique
ainsi. Mais une fois capturé, il ne sait pas quoi
faire de ce corps. Il y a un conflit en lui même auquel
il échappe. Il fuit. Il a peur de nouer une relation
sentimentale.
Objectif Cinéma :
Ton personnage devient presque innocent
à n'être q'un abyme de désir, traversé
par des pulsions du bas. Il marche à quatre pattes,
se roule au sol, lèche, salive. Comme un chien ou
un bébé. Sauf qu'il a un sexe bandant pour
toute occasion éphémère, incarnant
une pure jouissance de l'instant à vivre, homme,
femme, chien, boue. Jusqu'à devenir un insecte ou
une bête, et une ligne de fuite.
Joao Pedro Rodrigues : Tu
as très bien compris mon film , c'est incroyable!
! Cela m'étonne beaucoup, surtout venant d'une femme,
il n'y a pas beaucoup de gens qui le voient comme ça.
Sergio a un accent du Nord du Portugal, loin de Lisbonne
la capitale, et il n'appartient pas à la ville. Il
est venu dans la ville. Il se promène dans des endroits
indéterminés, ce n'est ni la campagne ni la
ville et il balade son chien comme il a dû le faire
lorsqu'il était petit chez lui. C'est aussi un peu
l'histoire de l'acteur, il est parti de chez lui, du nord
du Portugal, à seize ans pour changer de vie. Il
disait toujours " je dois vaincre ".
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Objectif Cinéma :
Dans ton film, ce rapport de classe
sociale s'exprime dans ce no man's land de la ville où
Sergio, l'éboueur de la nuit, regarde et vole un
peu les déchets des maisons bourgeoises.
Joao Pedro Rodrigues :
Le nageur dont il tomba amoureux ne le remarque même
pas. D'ailleurs, il n'existe que par le désir qu'il
provoque chez Sergio, c'est sa créature, une projection
de son violent désir. Les éboueurs font toutes
les nuits le même parcours et j'avais l'impression
que je pouvais inventer un personnage qui pouvait peu à
peu contrôler et savoir ce qui se passe dans les maisons.
Il réussit à posséder ce qu'il veut.
C'est un vampire. Ses rencontres sexuelles aboutissent toujours,
mais cela bloque lorsqu'apparaît un semblant de lien
ou de rencontre sentimental. Il ne sait pas quoi faire.
Il casse.
Objectif Cinéma :
Comment-as-tu trouvé les
lieux de ton récit ? Tu as fais des repérages
avec tes amis scénaristes ?
Joao Pedro Rodrigues : Pour
moi, c'est un peu mélangé. Je fais souvent
les choses à l'envers. Je faisais tout ça
en même temps car il m'est très difficile de
construire une histoire sans penser à des lieux spécifiques.
Au départ du film, il y a les lieux. A Lisbonne il
y a des endroits que j'aime, où je passe beaucoup
de temps où il existe des histoires cachées,
qui attendent d'être découvertes. Que l'on
révèle leurs mystères, des lieux qui
racontent des histoires. En trouvant mon personnage d'éboueur,
j'avais quelqu'un qui pouvait faire le lien avec tous ces
lieux différents. Il créait la liaison. La
fiction est née de cela, de ces lieux, de ces gens
de la nuit. D'ailleurs, des gens vivant à Lisbonne
n'ont pas reconnu leur ville. C'est la Lisbonne que je connais
bien, presque à la périphérie, non
loin de l'aéroport. Une frontière floue. Et
les éboueurs circulent dans la nuit. Ce sont de vrais
éboueurs, sauf Sergio. Pour moi, c'est très
important d'avoir cet ancrage dans la réalité
et partir de là pour autre chose. J'aime bien que
le surnaturel apparaisse dans ce qu'il y a de plus palpable
et de plus physique.