Objectif
Cinéma : Quelle est
la genèse de ce projet ?
René Féret :
J'avais produit en 1991 "Un homme
et deux femmes", réalisé par Valérie
Stroh d'après Doris Lessing. J'avais lu à cette
époque "Journal d'une voisine" de la même
romancière, que je trouvais très touchant. Après
quelques années, ce sujet m'est revenu. Je me suis
engagé dans un processus d'écriture avec Arlette
Langmann. Nathalie Baye devait jouer l'un des deux rôles
principaux. Je croyais que c'était un projet tonique
qui allait engager facilement des partenaires financiers.
On s'est aperçu peu à peu que personne n'en
voulait. Ni l'Avance sur Recettes, ni Canal +, les chaînes
de tv, etc, malgré l'obstination de Nathalie Baye et
de son agent. Même la Sept-Arte l'a refusé !
On a alors enterré le projet, on a perdu entre 300
et 500 000 francs, sans compter le travail effectué
(on avait acheté les droits, etc). Il y a eu ensuite
l'avènement des caméras DV, avec lesquelles
j'ai eu l'occasion de faire des petits travaux avec des
étudiants à Lille. Cet outil est devenu de
plus en plus excitant. Je me suis alors interrogé
: pourquoi ne pas reprendre ce scénario et le filmer
avec presque rien... Et c'est ce qui s'est passé
! On a libéré nos choix, on a pu prendre "la
vieille qu'on voulait" (une vieille femme de 80 ans
et non une "fausse vieille"). Marion Held habitait
alors une maison près de chez moi, c'est vrai que
je m'inspirais d'elle quand j'écrivais le rôle
pour Nathalie Baye. Ce personnage vif, chic et un peu friqué
lui ressemblait. Elle a finalement accepté de jouer
le rôle et de tourner dans sa maison.