Objectif Cinéma : Ali
Zaoua est votre second film. Sa sortie est moins intime que
celle de votre premier film, " Mektoub "...
Nabil Ayouch : "
Mektoub " était sorti très discrètement.
Ali Zaoua bénéficie d'un petit phénomène
de presse qui le relaie beaucoup. Du point de vue de la distribution,
cela reste une sortie adaptée à la taille du
film, c'est à dire une petite sortie. On a une quarantaine
de copies sur toute la France dont huit à Paris : c'est
raisonnable.
Objectif Cinéma : Ce
succès critique, l'attribuez-vous à la forme
hybride de votre film, qui montre un quotidien difficile par
des yeux d'enfants ?
Nabil Ayouch : Je pense
que les gens ont effectivement été déstabilisés
par le film. Entre la réalité sociale, sa
violence omniprésente et cette thématique
onirique et poétique, ils n'avaient pas l'habitude
de recevoir ces informations en même temps. En tant
que cinéaste, j'assume ma part de forte naïveté.
Le point de vue infantile vient de là, de ce regard
des enfants qui rejoint cette naïveté. Cela
évite tout de voyeurisme, qui est toujours une forme
de jugement. En faisant Ali Zaoua, je me suis rendu compte
que beaucoup d'enfants avaient fait le choix de vivre dans
la rue. Leur démarche n'est pas condamnable. Le risque
est que la rue puisse être quelque peu sublimée.