Entretien
réalisé à Butry le 9 Mars 2001
Par Nadia MEFLAH et Stephane JEAUGEAT
Photographies de Xavier GAILLARD
Agée de plus de quatre-vingt
ans, la comédienne Napoleone Perrigault alias Dominique
Marcas, toujours active au théâtre et au cinéma
ou à la télévision, fait partie des acteurs
pour qui le jeu est un travail presque sacerdotale. Il s'agit
de faire son travail avec rigueur et passion. Au cinéma,
elle a joué aussi bien chez Luc Besson pour Jeanne d'Arc
(le rôle muet d'un inquisiteur) que pour Aki Kaurismaki
dans La Vie de Bohême avec Jean-Pierre Leaud ("un
cinéaste tout à fait charmant et gentil, comme
l'équipe, il ne parlait pas un mot de français,
j'ai tourné qu'une journée et tout le monde me
parle de ce film que je n'ai pas vu ") Albert Souffre de
Bruno Nuytten, Cantique de la racaille de Vincent Ravalec, Le
Mouton enragé de Michel Deville, Juste avant la nuit
de Claude Chabrol.
Une toute petite pomme. Mais une poignée
de mains ferme, un regard clair embué de trop de lumière
(du temps passé ?) Napoléone Perrigault dite
Dominique (pour le rôle de son amie, Arletty d'après
Les Visiteurs du soir) Marcas (Mar(ia) Cas(ares) celle qui
partagea sa vie durant cinquante ans...) nous invite promptement
à entrer dans sa maison Enfouie dans la campagne du
Vexin, Butry est un village serein, où les enfants
(petits comme grands) sont épatés d'avoir une
star : elle a gagné sa notoriété en jouant
dans Les Anges Gardiens de Jean Marie Poiré. Le seuil
d'une maison révèle l'âme des occupants,
et pour la comédienne, il s'agit d'une loge de théâtre
rouge carmin. Lieu de mémoire (les affiches au mur
scandent un temps passé, celui de Pauline Carton, d'Edwige
Feuillière) lieu de parole où Dominique Marcas
égrène les anecdotes des coulisses de la scène,
cette entrée (sortie de scène ?) empourprée
jusqu'au plafond témoigne violemment d'un amour profond
pour son métier. Véritable soldat au service
de son art (le jeu) cette femme au visage parfois étrange,
durassienne (est-ce une enfant, un homme, une vierge ?) s'enchante
à nous narrer, jeunes auditeurs d'une France que nous
ne savions même pas, une vie de labeur et de savoir.
Un étroit escalier en colimaçon,
une niche où nous sommes entourés de livres
reliés de cuir (elle les relit souvent et garde comme
des trésors ceux de Maria) une bouteille de whisky
à notre portée, Dominique Marcas nous invite.