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Premier acte : l'enfance de la guerre et Maria et moi


Objectif Cinéma : Comment dois-je vous appeler ? Napoleone Perrigault ou Dominique Marcas ?

Dominique Marcas : Dominique Marcas, c'est mon nom de théâtre et de cinéma. Dominique en hommage à Arletty pour son rôle dans les Visiteurs du Soir , et Marcas pour Maria Casares. Maria a été très touchée que je prenne ce nom en son honneur. J'ai choisi un autre nom, car ma mère ne voulait pas que je traîne le nom de famille sur les planches, alors j'ai cherché et cherché ; en outre Arletty me conseillait de choisir un nom en A, " il faut des A " disait-elle. Alors Marcas sonnait bien. Lorsque je suis arrivée à Paris, je ne connaissais personne, mais alors vraiment personne ! Je suis née dans le Calvados et j'ai été élevée au Havre. En 1938, mes parents ont quitté la ville pour acheter une maison à Verson, près de Caen, pour mettre la Seine entre les Allemands et lui, disait mon père. Malheureusement, cela n'a pas suffit, car il fut tué lors du Débarquement. Depuis toute petite, j'aimais le théâtre, et très jeune en pension je jouais des rôles importants. Comme j'étais minuscule, j'avais l'air d'avoir cinq ans quand j'en avais dix, je passais sous la table sans me baisser à six ans et les gens étaient très épatés ! D'ailleurs, ma mère me disait que je finirais sur les planches, ce qui n'était absolument pas un compliment dans sa bouche, loin de là. Mais bon....

Et puis après, lorsqu'elle a vu que je connaissais Edwige Feuillière et Maria Casarès, ses amis lui disaient " ta fille connaît ces gens-là, c'est formidable ! ". Voilà !

 

Objectif Cinéma (c) D.R.

J'ai fabriqué ce nom alors que je vivais déjà avec Maria. J'avais 27 ans et elle 25 ans lorsqu'on s'est rencontrées, elle est morte à 74 ans et j'ai vécu près d'elle d'abord à la rue Vaugirard à Paris où elle m'avait donné l'hospitalité, le temps que je trouve quelque chose. Cela a duré 21 ans ! Ensuite, l'immeuble fut vendu par appartement, je n'avais pas d'argent et Maria venait d'acheter sa maison. Ni l'une ni l'autre, on ne pouvait acheter ensemble un appartement. Et donc Maria a cherché pour nous deux. Elle a eu la chance de trouver un double atelier rue Asseline, une petite rue du 14ème arrondissement à Paris. Nous avions chacune notre entrée, notre cuisine et notre loggia comme chambre. Nous partagions la salle de bain. Nous communiquions par cette pièce. On se voyait tous les jours bien-sûr, elle me faisait répéter mes rôles et réciproquement. Le soir, on se racontait notre journée de travail au théâtre, tard parfois, jusqu'à 2 ou 3h00 du matin. Je me levais de bonne heure, elle pas. Ça a duré jusqu'à sa mort. Curieusement, nous n'avons joué qu'une seule fois ensemble, en cinquante ans de vie commune, dans L'amant Polaire dans une mise en scène de Lavelli, écrit par Rezvani, au Théâtre de la Ville. Après j'y suis restée pour jouer Les Trois Soeurs de Tchékhov durant deux saisons, ce qui était exceptionnel ! Nous avons fait tout le cycle Garnier, les cinq pièces à l'Auditorium du Louvre. La dernière pièce jouée avec Villégier fut la Colonie de Marivaux. Là, il monte une pièce où il n'a pas de rôle pour moi mais je fais toujours partie de la troupe. J'ai vu dernièrement l'Amante anglaise avec Suzanne Flon et la pièce où jouent le père et la fille Trintignant (Comédie sur un quai de gare de Samuel Benchetrit). J'ai participé aussi à un épisode d'Avocats et Associés pour la télévision où jai joué le rôle Mireille Suzai, une mère odieuse.