Objectif Cinéma : Vous
êtes impressionnante dans le film, malgré cette
peur initiale du rôle
Dominique Marcas : Le
film Rue du retrait raconte l'histoire de deux solitudes
de femmes différentes Mado et Isabelle. Ce sont deux
solitudes farouches qui se retrouvent, même si Isabelle
a un jeune amant de vingt-cinq ans. Mado a souffert, elle
a perdu sa mère dans des conditions assez dures.
Elle avait des doigts de fée, à construire
de beaux chapeaux. Elle avait le goût de belles choses
qu'elle n'a jamais pu s'acheter d'ailleurs. Elle ne gémissait
pas, c'est une femme qui a de la dignité. On ne parle
pas d'argent, elle n'en a pas mais elle n'en dit rien. Elle
ne se plaint jamais. Ce n'est pas sordide même si
elle se laisse aller peu à peu. J'avais peur pour
une scène, celle de la toilette et j'expliquais à
René que lorsque Catherine Mouchet dans Thérèse
lave la bonne sur, on ne voyait que son dos. René
me disait de ne pas m'inquiéter. Heureusement dans
la petite maison, il y avait un pan de mur qui a tout facilité,
car cette scène est filmée avec beaucoup de
tact et de pudeur.
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Objectif Cinéma : C'est
une séquence charnière, où se cristallise
le lien entre Mado et Isabelle.
Dominique Marcas : C'est
là où tout se passe, car au départ,
Isabelle se sent un peu piégée dans cette
relation nouée avec cette vieille dame. Elle n'a
pas envie de la voir mais elle vient quand même, moi
je la rabroue par fierté et honte. C'est une relation
conflictuelle au début. Je dois avouer que je ne
savais pas du tout qui était René Feret, je
n'avais jamais vu ses films et je ne connaissais ce côté
de Paris, le xxème arrondissement. On fait une promotion
pour ce quartier ! La mairie devrait savoir profiter du
film et le lui rendre, car tous ces coins sont superbes
avec ces ruelles, jardins et maisons diverses. Mado dit
que la maison est importante, et ce qu'elle dit je peux
le dire moi aussi. C'est un très beau personnage.
Objectif Cinéma :
Mado a raté sa vie quand
même, elle n'a jamais su devenir indépendante.
Le film montre cette réalité d'une personne
exploitée dans son travail.
Dominique Marcas : Elle
a tout raté, elle s'est trompée dans l'amour,
elle n'a pas su exiger un salaire décent à
ses patrons. Mais Mado est digne, elle ne veut pas faire
pitié et cela me plaît beaucoup.
Objectif Cinéma : René
Féret vous donnait-il des indications précises
de mise en scène pour votre personnage ?
Dominique Marcas : Il
y avait une très bonne entente. Je ne répétais
pas beaucoup, j'avais déjà lu tout le scénario
durant trois semaines, je connaissais tous les rôles.
Il n'y avait pas d'argent, personne n'était payé
et c'étaient ses élèves de la Faculté
de Lille qui participaient à la fabrication du film.
Tous étaient passionnés par le projet. Il
y avait le petit fils du photographe Jean-François
Lartigue, François qui faisait l'éclairage
avec un talent fou et personne ne ménageait son temps.
Le manque d'argent, paradoxalement, nous rendait libres
de filmer comme on voulait. Personne n'était là
pour nous dire " ah pas plus de cinq minutes supplémentaires
! " On travaillait dans le luxe sans argent. Parce
que l'argent pourrit tout. C'était un tournage exceptionnel
. Je dirais même que nous étions en communion,
avec la même ardeur, sans nulle jalousie. Pour des
prises de cinq ou six minutes, René ne faisait pas
de coupures, il filmait librement et pouvait se permettre
de recommencer dix ou vingt fois la prise. Ce qui est très
rare, sauf pour les très grosses productions comme
avec Luc Besson pour Jeanne d'Arc. Deux, trois fois, c'est
le maximum et avec René, on allait jusqu'au bout
pour vraiment tout faire. Je suis prête à refaire
un autre film dans les mêmes conditions ! Je ne suis
pas sortie de ce rôle, le tournage a duré quatre
semaines, je vivais avec Mado, j'étais Mado. Rien
ne m'étonnait.
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2002 Bloody
Mallory
2000
Madame de... (TV)
2001
Rue du retrait de René Ferret
2000
Mortel transfert de Jean-Jacques Beinex
1999
C'était là depuis l'après-midi
1999
Jeanne d'Arc de Luc Besson
1998
Cantique de la racaille de Vincent Ravalec
1997
Le Clandestin (TV)
1997
Madame Dubois - Hôtel Bellevue (TV)
1995
Muriel fait le désespoir de ses parents
1995
Les Anges gardiens
1995
Élisa de Jean Becker
1994
Grosse fatigue de Michel Blanc
1993
Roulez jeunesse !
1992
Albert souffre de Bruno Nuytten
1992
La vie de bohème de Jean-Pierre Leaud
1991
Maigret et les plaisirs de la nuit (TV)
1990
Lacenaire
1990
La putain du roi
1990
Docteur Petiot
1989
Erreur de jeunesse
1987
Si le soleil ne revenait pas
1984
L'âge vermeil (feuilleton TV)
1979
L'île aux trente cercueils (feuilleton
TV)
1971
Sous le soleil de Satan (TV) |
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