Objectif Cinéma : Votre
film fonctionne comme un jeu de poupées russes, dans
ses éléments méta-filmiques, et ses connexions
ou interférences entre théâtre et réalité.
On pense souvent au Va savoir, de Jacques Rivette...
Jacques Rozier : Oui,
j'aime aussi beaucoup le film de Woody Allen sur le théâtre,
Coups de feux sur Broadway. Mais ici, c'est l'inverse
: dans Coups de feux , on se fiche bien de comprendre
l'action théâtrale ; et dans Fifi Martingale,
j'ai été piégé, j'avais besoin
de l'expliquer l'action (les répétitions de
L'Oeuf de Pâques, une sorte de dernier avatar
de Feydeau), avec sa mécanique compliquée.
Objectif Cinéma :Le travail théâtral s'autodétruit
finalement. Vous montrez même le ridicule des coulisses
: le souffleur souffle mal...
Jacques Rozier :
Un film m'a influencé, sans doute ici : Les Enfants
du paradis, de Marcel Carné, lorsque Frédéric
Lemaître, interprété par Pierre Brasseur,
fait subir un traitement terrible à la mauvaise pièce
qu'il joue (L'Auberge des Adrets). Je me suis souvenu
du plan où le souffleur est complètement perdu,
puisque Frédéric Lemaître, sur la scène,
n'interprète plus le texte.
Objectif Cinéma : Comment
avez-vous travaillé le langage folklorique (de "
Poldavie ") ?
Jacques Rozier : Quand
on parodie les accents slaves, on fait toujours la suppression
des articles. Je ne parle ni russe, ni de langue slave, mais
j'ai souvent entendu de la sorte. Dans cette parodie, le poldave
est donc une langue imaginaire...
Objectif Cinéma :Au
début, vous détruisez l'entreprise des Molières...
Jacques Rozier :Je
n'aime pas ce système de classements. Appliquons cela
à la peinture : on ne va pas dire que Van Gogh est
plus grand qu'untel ! Les Césars, les Molières
sont calqués, d'une façon un peu dérisoire,
provinciale, sur les Oscars (qui sont une institution, théâtrale
notamment)...
Objectif Cinéma : La
fin déborde, dégénère gaiement,
comme dans vos autres films.
Jacques Rozier :Oui
mais ça reste toujours du spectacle. Cette fin est
d'ailleurs un peu un hommage à la Commedia dell'Arte...
Objectif Cinéma :Au final, on se demande même
si c'est improvisé...
Jacques Rozier : Non,
tout ça est très concerté, il n'y a pas
d'improvisation du tout. Il faut mettre en scène l'improvisation.
C'est même la fois où j'ai le plus écrit
un scénario, avec la co-scénariste, qui joue
aussi Fifi Florès (Lili Vanderfeld). On essaye de faire
une mécanique infernale. En fait, il faut donner l'impression
que cela arrive comme ça, n'importe comment, et que
c'est improvisé au niveau de la mise en scène
; mais c'est l'inverse.
2001Fifi
Martingale 1995Comment devenir cinéaste sans se prendre
la tête 1991Revenez, plaisirs exilés (vidéo)
1990Josephine en tournée 1989L'Opéra du roi (vidéo) 1985Maine-Océan Express 1984Oh, oh, oh, jolie tournée (vidéo) 1983Lettre de la Sierra Morena (TV) 1978Marketing mix (TV) 1976Les Naufragés de l'Ile de la Tortue 1975
Nono Nenesse (non terminé) 1973Les Aoûtiens 1972Vive le cinéma (TV) 1969 Orouët's
Way 1964Cinéastes de notre temps : Jean Vigo
(CM) 1963Paparazzi (CM) 1963
Le parti des choses : Bardot et Godard (CM)
1962Dans le vent (CM doc) 1960Adieu Philippine 1958Blue Jeans (CM) 1956Rentrée des classes (CM)