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MERZAK ALLOUACHE
Réalisateur
Entretien réalisé
le 26 octobre 2001 à Paris
Par Marc LEPOIVRE et Nadia MEFLAH


Merzak Allouache est né le 6 octobre 1944 à Alger. Suite à des études cinématographiques dans la section réalisation de l'Institut National du Cinéma d'Alger en 1964 il réalise Croisement . Après son court métrage Le Voleur en 1966 , il complète sa formation par des stages à l'IDHEC en 1967, à l'ORTF en 1968 et à l'Ecole des Hautes Etudes en 1969. Il réalise des documentaires, des émissions humoristiques pour la télévision algérienne et plusieurs longs métrages de fiction : Omar Gatlato (1976), Les Aventures d'un héros (1977), L'Homme qui regardait les fenêtres (1983), Un amour à Paris (1986), Bab El-Oued City (1994), Salut cousin ! (1996) etc... L'autre Monde est son dernier film.


  Objectif Cinéma (c) D.R.
Objectif Cinéma : L'Autre Monde se prête volontiers à la discussion parce qu'il est vraiment ancré dans l'actualité, à savoir les événements en Algérie de ces dernières années. C'est un type de film qui doit être soutenu dans les réseaux Art et essai. Or vous venez de nous apprendre que l'AFCAE refuse votre film.

Merzak Allouache : Oui, à cause d'un désaccord politique. On me fait dire que c'est un film qui ménage le pouvoir, qui frappe sur les terroristes. Je suis surpris car ce n'est pas de cela qu'il s'agit dans mon film. Je commence à comprendre ce que veut dire la pensée unique. Il y a des gens qui se nourrissent des différents reportages, se font une idée globale sur la situation en Algérie. À partir de là il faut être dans la ligne. Je suis vraiment surpris parce que c'est une fiction, et non un documentaire !


Objectif Cinéma :
En fait, les exploitants réticents, qui pourtant vous ont suivi avant, vous disent clairement : "ça ne va pas là ! tu te trompes".

Merzak Allouache : Il fallait taper un peu plus sur l'Algérie. Pour moi, il y a, derrière cela, la volonté que les cinéastes qui écrivent sur des pays comme l'Algérie, cassent un peu le pays pour plaire. On se fait ici une idée de ce qui se passe ailleurs et l'on voudrait que cette idée soit confortée par le travail des gens qui ramènent des images. Et cette volonté commence dès le scénario, même si à ce stade on peut encore s'en arranger. Mais quand il s'agit du moment de l'exploitation du film, j'appelle cela du boycott, de la censure, et je vais le dénoncer. Je vais aller voir la SRF. Je suis soutenu par l'ACID. Pour le moment, je ne sais pas combien on va obtenir de salles. Il y a une semaine, j'ai présenté le film dans le Gers, à Auch. Il y a eu deux débats très intéressants avec des français, pas d'immigrés, des personnes âgées ; on a débattu sur la situation algérienne, le terrorisme etc. Les gens sont à la recherche d'informations. Même si on parle beaucoup des questions esthétiques, le film ouvre la voie à des questions d'actualité. Il arrive sur les écrans, alors que depuis sept ans, on n'a pas tourné de films en Algérie. Cette exclusion du film a commencé avec les festivals qui n'ont pas retenu mon film, alors que j'avais souvent l'habitude d'être sélectionné. Or, généralement, même quand un film est considéré comme un peu médiocre, ou s'il fait partie d'une cinématographie particulière, on le sélectionne quand même, et on le passe à minuit, ou le matin. Là, il ne s'est rien passé.